Page 42 - La Généalogie retrouver ses ancêtres

Se tournant vers Pierre Babin qui jouait nerveusement avec
sa pipe éteinte. il lui dit :
- J'te vois te tortiller depuis deux minutes ; tu dois avoir
queuqu'chose à dire.
-Pas rien qu'une ...

Et il continua, tout d'un souffle, comme s'il avait ruminé cettc
intervention depuis longtemps :
-Je m'demande si on devrait pas parler d'abord de la réunion
de samedi avec les gars du Gouvernement.
II y eut un bref brouhaha et plusieurs mains se levèrent en
même temps. Avec doigté, l'animateur permit à chacun de s'expli-
quer. Dans chaque intervention, on sentait la même amertume. Ils
rageaient tous d'avoir à traiter de questions qui engageaient leur
avenir et celui de leurs enfants avec des gens qui ne sont pas de la
Péninsule, qui parlent le langage de la ville et connaissent peu de
chose à la mentalité et aux aspirations de la population.
Ses petits yeux de porc à demi-fermés et son menton fouisseur
appuyé dans sa main gauche, Baptiste Plourde y alla de son coup
de gnffes :

-Dans le groupe des agents, y en a seulement un qui est de
par-icitte, mais il chie dans ses culottes. Quand i ne se tait pas en
faisant l'innocent, i dit comme les autres !
On sentit une atmosphère de glace tomber sur l'assistance. La
personne visée, c'est le neveu d'Eugène Soucy. Ce dernier a eu
assez de sang-froid pour ne pas mordre à l'hameçon.

C'est Xavier Cyr, qui, de sa grosse voix de basson, remit la
discussion en marche :

- J'sus pas d'accord avec toi, Baptiste. 1 faut être juste.
l'crois même qu'c'est une chance qu'on l'ait eu. J'sus ben sûr qu'il
nous a obtenu plus que tu penses.
Après cette observation, il continua :