Page 44 - La Généalogie retrouver ses ancêtres

Quand la porte Eut fermée, l'un du groupe demanda :
- Ça lui en f'ra combien ?
-Son septième. répondit Éloi Leblanc qui est son voisin.
Il y eut encore quelques moment de silence avant que la discus-
sion ne reprenne. Louis-Philippe pensait à ce qui lui semble une
absurdité de l'espèce : donner aux pauvres les familles les plus nom-
breuses. On entendit la vieille bagnole rouillée démarrer avec hési-
tation.
Après cet intermède imprévu, Alexis Boudreau répéta la ques-
tion du début :
- On part ou ben on reste ? 1 est plus que temps de se déci-
der. V'la la neige qui s'en vient !
Dans l'atmosphère tendue du moment, cette question eut l'effet
d'un coup de tonnerre dans un désert de silence. On avait i'im-
pression d'être poussé au bord d'un grouffre qu'il faudra tôt ou
tard franehir. Les conditions seront-elles meilleures au printemps ?
Une seule réponse : i'incertidude.
Louis-Philippe intervint :
-l'sus d'aceord avec Alexis. Y est gand temps qu'on se
Ùécide. Est-ce qu'on accepte ou qu'on refuse les offres du Gouver-
nement? Ou, ce qui revient au même : est-ce qu'on déménage
avant les Fêtes ou si on passe l'hiver sur les hauteurs ?
Après avoir jeté un regard circulaire sur ses compagnons, com-
me s'il voulait sonder leurs pensées, il continua:
-Je propose qu'on prenne le vote. Si la majorité décide de
rester, qu'y ait pas de Iâcheux !
Les pipes furent retirées des lèvres. l'une après l'autre, les
cigarettes s'écrasèrent dans les cendriers. Des yeux se baissèrent
pour la réflexion, d'autres se perdirent dans le nuage de fumée qui
emplissait la cuisine, comme pour y chereher des fantasmes d'avenir.
On aurait cru que ces hommes simples et frustres allaient prendre
la décision la plus importante de leur vie.
De nouveau, des rumeurs s'échappèrent du salon. Eugène
Soucy redressa son panache cendré et il dit d'une voix neutre :

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