Page 46 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Et  il  continua  :
                                    -Après   toute,  on  est  seulement  à  sept  milles  de  La  Moren-
                                dière.  On  a  de  quoi  à  manger  pour  longtemps  :  des  patates  et  des
                                légumes en masse.  des œufs, des cochons qui s'engraissent.  Personne
                                manquera  de bois de chauffage.
                                    -Tas  raison pour la mangeaille  et pour  le  chauffage, répliqua
                                le  grand  Arthur  à  Léon  Levesque,  mais  on  sait  pas  c'qui  peut
                                arriver  pour  l'électricité.  Un  des  types du Ministère  nous  a  laissé  à
                                entendre,  I'aut'jour,  que  I'Hydro  pourrait  couper  le  courant.
                                    On  supputa  les  difficultés qui  pouvaient  survenir  au  cours  de
                                ['hiver,  et  chacun  y  alla  de  ses  observations.  11  y  a  le  verglas  qui
                                peut  briser  les  fils,  les  tempêtes  de  neige  qui  ferment  les  chemins,
                                la  maladie  qui  frappe  à  l'improviste,  la  mort.  Cette  froide  analyse
                                des  coups  possibles  du  destin  en  effrayait  quelques-uns,  surtout  les
                                anciens  qui  avaient  connu  les  tracas  et  les  privations  des  premiers
                                jours  du défrichement.  Ils  ne  se  sentaient  pas  le  courage  de  gravir
                                de nouveau  le même calvaire.
                                    -La   maladie,  intervint  Louis-Philippe  Landry,  elle  est  guère
                                plus  à  craindre  à  Terre-Haute  qu'à  La  Morendière  et  à  l'Anse-au-
                                Sable.  Ils  ont  un  seul  docteur,  qui  doit  aussi  soigner  les  habitants
                                de  Cap-aux-Fossiles.  Les  malades  ont  l'temps  de  mourir  avant
                                qu'il  arrive !

                                    n  eut  cette  réflexion  pleine  d'amertume :
                                    -Comme    les autres professionnels,  les jeunes  médecins,  même
                                ceux  qui  sont  de  la  Péninsule,  refusent  de  s'y  établir.  C'est  moins
                                dur  et plus payant  à 1s ville ...

                                    -Tas    raison  Ph'lippe,  enchaîna  immédiatement  Xavier  Cyr.
                                Si  enseulement  on  nous  avait  laissé  la  garde-malade.

                                    Et il continua,  en jetant  un coup d'œil  sur  l'assemblée  :
                                    -Y    a-t'il  d'vos  femmes  qui  attendent  du  nouveau  d'ici  lé
                                printemps ?
                                    Pour  ces rudes paysans,  habitués à la vie des bêtes, la naissance
                                est  un  acte  simple  et  naturel.  II  y  a  encore  à  Terre-Haute  une  ou
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