Page 285 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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accrochées à la ceinture des vieux Indiens, attestaient même
                                         ql.l'ils avaient pris une part assez active à la dernière guerre
                                        de l'Angleterre contre les Américains.
                                           C'étaient bien de vrais aborigènes que ceux que j'ai connus
                                         pendant ma jeunesse: leur air farouche, leur visage peint en
                                         no,ir et en rouge, leur corps tatoué, leur crâne rasé à l'excep-
                                         tic,n d'une touffe de cheveux qu'ils laissaient croître au-dessus
                                         de la tête pour braver leurs ennemis, leurs oreilles découpées
                                         en branches, comme nos croquecignoles canadiens, et dont
                                         quelques-uns de ces sauvages ne possédaient plus que quel-
                                         ques lambeaux pendant sur leurs épaules, tandis que d'au-
                                         tres, plus heureux, les avaient conservées intactes et en se-
                                         couaient d'un air fier les branches chargées d'anneaux d'ar-
                                         gent de quatre pouces de diamètre, échappés à leurs rixes
                                         frÉquentes pendant l'ivresse: c'étaient bien, dis-je, de vrais
                                         Indiens, et tout attestait en eux le guerrier barbare et féroce,
                                         prèt à boire le sang dans le crâne d'un ennemi, ou à lui faire
                                         subir les tortures les plus cruelles.
                                           Je n'ai jamais su pourquoi ils se réunirent en si grand
                                         nombre, ce dimanche-là, dans la ville de Québec. Avaient-ils
                                         re~:u leurs présents la veille ou était-ce un jour de fête parti.
                                         culière à leurs nations '/ Toujours est-il que je n'en ai jamais
                                         vu, ni auparavant, ni depuis, un si grand nombre dans J'en-
                                         ceinte des murs de la cité. Une particularité assez remar·
                                         quable était l'absence de leurs femmes, ce jour-là.
                                           lLes Indiens, après avoir parcouru les principales rues de la
                                         ville par groupes de trente à quarante guerriers, après avoir
                                         dansé devant les maisons des principaux citoyens, qui leur
                                         jetaient des pièces de monnaie par les fenêtres, soit pour les
                                         récompenser de leur bene aubade, soit peut-être aussi pour
                                         s'en débarrasser, finirent par se réunir sur le marché de la
                                         haute ville, à la sortie des vêpres de la cathédrale. C'est là
                                         qUI: je les vis, au nombre de quatre à cinq cents guerriers,
                                         chanter et danser cette danse terrible qui a nom c la guerre lt
                                         parmi tous les sauvages de l'Amérique du Nord.
                                           n était facile de comprendre leur pantomime. Ils nous
                                         parurent d'abord tenir un conseil de guerre; puis, après quel-
                                          qUl:s courtes harangues de leurs guerriers, ils suivirent 'à la
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