Page 273 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 273
iLaissons de Locbeill s'occuper activement d'enrichir Du-
mais, et retournons à nos autres amis.
Le bon gentilhomme, presque centenaire. ne vécut qu'un
an après l'arrivée de Jules. TI mourut entouré de ses amis.
après avoir été l'objet des soins les plus touchants de Blanche
et de son frère, pendant un mois que dura sa maladie. Quel-
quc~s moments avant son décès, il pria Jules d'ouvrir la fenê-
tre de sa chambre. et jetant un regard éteint du côté de la
petite rivière qui coulait paisiblement devant sa porte, il lui
dit:
'- C'est là, mon ami: c'est à l'ombre de ce norer que je t'ai
fail le récit de mes malheurs; c'est là que le t'ai donné
des conseils dictés par l'expérience que donne la vieillesse.
Je meurs content, car je VOIS que tu en as profité. Emporte.
après ma mort, ce petit bougeoir: en te rappelant les lon-
gues insomnies dont il a été témoin dans ma chambre soli-
taire. il te rappellera aussi les conseils que je t'ai donnés.
s'il~, pouvaient sortir de ta mémoire.
-- Quant à toi, mon cher et fidèle André, continua M.
d'Egmont, c'est avec bien du regret que je te laisse sur cette
telle, où tu as partagé dans tous mes chagrins. Tu seras
bien seul et isolé après ma mort 1 Tu m'as promis de passer
le l'este de tes tours avec la famille d'Haberville: elle aura
le plus grand Salo de ta vieillesse. Tu sais qu'après ton décès
les pauvres seront nos héritiers.
-- Mon cher maitre, dit Francœur en sanglotant. les pau-
vrell n'attendront pas longtemps leur héritage.
I,e bon gentilhomme, après avoir fait les adieux les plus
tendres à tous ses amis, s'adressant au curé, le pria de réciter
les prières des agonisants. Et à ces paroles: e Partez, âme
e chrétienne, au nom du Dieu tout-puissant qui vous a
e créée _, il rendit le dernier soupir. Sterne aurait dit: e L'an-
e g(i régistrateur dl} la chancellerie des cieux versa une lar-
e me sur les erreurs de sa jeunesse, et les effaça pour tou-
e jours _. Les anges sont plus compatissants que les hom-
mes. qui n'oublient ni ne pardonnent les fautes d'autrui 1
André Francœur fut frappé de paralysie lorsqu'on des-
cendit le corps de son maître dans sa dernière demeure. et
ne lui survécut que trois semaines.
274 -