Page 271 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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- C'est vrai cela, dit Dumais: quand un homme a bien.
                                         travaillé le jour, je le défie d'avoir des insomnies; mais où
                                         voulez-vous en venir, et en quoi serais-je assez heureux pour
                                         velUS aider?
                                           - C'est de vous, mon cher Dumais, que j'attends ma
                                         gllérison. Mais écoutez-moi sans m'interrompre, et je vais
                                         vCtUS faire part de mes projets. Je suis maintenant riche,
                                         tri:s riche, et voici mon principe: puisque la Providence
                                         m'a donné des richesses que je ne devais jamais espérer, je
                                         dois en employer une partie à faire le bien. Il y a, dans cette
                                         paroisse et dans les environs, une immense étendue de terre
                                         ef] friche, soit à vendre, soit à concéder. Mon dessein est
                                         d',~n acquérir une quantité considérable, et non seulement
                                         d"~n surveiller le défrichement, mais d'y travailler moi-même:
                                         ve,us savez que j'ai les bras bons; et j'en ferai bien autant
                                         que les autres.
                                           - Connu, fit Dumais.
                                           - Il y a beaucoup de pauvres gens, continua Arché, qui
                                         seront trop heureux de trouver de l'ouvrage, surtout en leur
                                         donnant le plus haut salaire. Vous comprenez, Dumais, que
                                         je ne pourrai seul suffire à tout, et qu'il me faut un aide:
                                         que ferais-je d'ailleurs le soir, sous la tente et pendant le
                                         'mauvais temps, sans un ami pour me tenir compagnie?
                                         C'est alors que le chagrin me tuerait.
                                           - Partons dès maintenant, s'écria Dumais, et allons visi-
                                         telL les plus beaux lots, que je connais au reste déjà assez
                                          bien.
                                            - Merci, dit Arché en lui serrant la main. Mais qui pren-
                                          dra soin de votre ferme pendant vos fréquentes absences ?
                                            - Soyez sans inquiétude là-dessus, monsieur: ma femme
                                         selJle ,?ourrait y suffire, quand bien même elle n'aurait pas
                                          son frere, vieux garçon qui vit avec nous: jamais ma terre
                                          n'il souffert de mes absences. Que voulez-vous, c'est comme
                                          un mal, j'ai toujours, moi, préféré le mousquet à la charrue.
                                         Ma femme me tance de temps en temps à ce sujet; mais,
                                          à la fin, nous n'en sommes pas pires amis.
                                            - Savez-vous, dit Arché, que voilà sur le bord de la riviè-
                                         re" près de ce bosquet d'érables, le plus charmant site que je
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