Page 212 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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cet objet. Moyennant une somme de cinq cents piastres d'Es-
                                   pagne, j'obtins aussi du capitaine anglais l'usage exclusif de
                                   sa chambre pour moi et ma famille.
                                     Je fis ensuite observer au général Murray le danger où
                                   nous serions exposés dans la saison des tempêtes avec un
                                   capitaine qui ne connaissait pas le fleuve Saint-Laurent, m'of-
                                   frant d'engager à mes frais et dépens un pilote de rivière.
                                   Sa réponse fut que nous ne serions pas plus exposés que les
                                   autres. Il finit cependant par expédier un petit bâtiment, avec
                                   ordre de nous escorter jusqu'au dernier mouillage.
                                     Nous étions tous tristes et abattus; et ce fut en proie à de
                                   bien lugubres pressentiments que nous levâmes l'ancre, le
                                   15 octobre dernier. Grand nombre d'entre nous, pressés de
                                   vendre à la hâte leurs biens meubles et immeubles, l'avaient
                                   fait à d'immenses sacrifices, et ne prévoyaient qu'un avenir
                                   bien sombre sur la terre même de la mère patrie. C'était
                                   donc le cœur bien gros que, voguant d'abord à raide d'un
                                   vent favorable, nous vîmes disparaître à nos yeux des sites
                                   qui nous étaient familiers, et qui nous rappelaient de bien
                                   chers souvenirs.
                                     Je ne parlerai que succinctement des dangers que nous
                                   courûmes au commencement de notre voyage, pour arriver
                                   au grand sinistre auquel j'ai échappé avec six seulement de
                                   nos hommes. Nous fûmes, le 16, à deux doigts du naufrage,
                                   près de l'Ile aux Coudres, où un vent impétueux nous pous-
                                   sait après la perte de notre grande ancre.
                                     Le 4 novembre, nous fûmes assaillis par une tempête af-
                                   freuse, qui dura deux jours et nous causa de grandes avaries.
                                   Le 7, un incendie, que nous eûmes beaucoup de peine à étein-
                                   dre, se déclara pour la troisième fois dans la cuisine, et
                                   nous pensâmes brûler en pleine mer. Il serait difficile de pein-
                                   dre les scènes de désespoir qui eurent lieu pendant nos efforts
                                   pour maîtriser l'incendie.
                                     Nous faillîmes périr le long des côtes de l'Ile Royale, le
                                   11, sur un énorme rocher près duquel nous passâmes à portée
                                   de fusil, et que nous ne découvrîmes qu'à l'instant, pour ain-
                                   si dire, que le navire allait s'y briser.
                                     Depuis le 13 jusqu'au 15, nous voguâmes à la merci d'une
                                   furieuse tempête, sans savoir où nous étions. Nous fûmes
                                   obligés de remplacer, autant que faire se pouvait, les hommes
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