Page 217 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 217
dont la mer en furie avait rejeté les cadavres sur les plages
de cette Nouvelle-France qu'ils avaient colonisée et défendue
avec un courage héroïque 1.
M. de Saint-Luc ne prit que quelques heures de repos, vou-
lant être le premier à communiquer au général anglais la
catastrophe de l'A uguste, et se présenter à lui comme protêt
vivant contre la sentence de mort qu'il semblait avoir pro-
noncée de sang-froid contre tant d'innocentes victimes, contre
tant de braves soldats, dont il avait pu apprécier la valeur sur
les champs de bataille, et qu'il aurait dû estimer si son âme
eût été susceptible de sentiments élevés. Il pouvait se faire
que sa défaite de J'année précédente tenait trop de place dans
cette âme pour y loger d'autres sentiments que ceux de la
baine et de la vengeance.
- Sais-tu, d'Haberville, dit M. de Saint-Luc en déjeu-
nant, quel est le puissant protecteur qui a obtenu du général
Murray un répit de deux ans pour te faciliter la vente de tes
propriétés? .Sais-tu à qui, toi et ta famille, vous devez aujour-
d'hui la vie, que vous auriez perdue en toute probabilité dans
notre naufrage?
- Non, dit M. d'Haberville; j'ignore quel a été le pro-
tecteur assez puissant pour m'obtenir celte faveur; mais, foi
de gentilhomme, je lui en conserverai une reconnaissance
éternelle.
1. Après le récit de M. de Saint-Luc, disait ma tante Bailly
de Messein, nous passâmes le reste de la nuit à pleurer et à nous
lamenter sur la perte de nos parents et amis péris dans l'Au-
guste.
L'auteur avait d'abord écrit de mémoire le naufrage de l'Au-
guste d'après les récits que ses deux tantes lui en avaient faits
dans sa jeunesse; il se rappelait aussi, mais confusément, avoir
lu il y a plus de soixante ans, la relation de ce sinistre écrite
p;r M. de Saint-Luc, publiée à Montréal en. 1778, et ~n posses-
sion de sa fille madame Charles de Lanaudlere. Malgre ces sou-
venirs cette version ne pouvait être que très imparfaite, quand,
après 'maintes recherches, il, a~{'rit que ~et!e, broch~.H; était ~ntre
les mains des Dames Hospltaheres de 1Hopllal General, qUI eu-
rent l'obligeance de la lui prêter, et partant de lui donner occa-
sion de corriger quelques erreurs commises dans sa première
version,
- 218-