Page 206 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 206

lever le siège de Québec et vous abandonner finalement le
                                 Canada. Dans l'hypothèse contraire, nous reprenons Québec,
                                 et nous conservons la colonie. Maintenant, mon cher Arché,
                                 il m'importe de savoir ce que tu feras dans l'une ou l'autre
                                 des deux éventualités.
                                   -  Dans l'un ou l'autre cas, dit de Locheill, je ne puis, avec
                                  honneur, me retirer de l'armée tant que la guerre durera;
                                  mais advenant la paix, je me propose de vendre les débris de
                                  mon patrimoine d'Ecosse, d'acheter des terres en Amérique,
                                  et de m'y fixer. Mes plus chères affections sont ici; j'aime le
                                  Canada, j'aime les mœurs douces et honnêtes de vos bons
                                  habitants; et, après une vie paisible, mais laborieuse, je repo-
                                  serai du moins ma tête sur le même sol que toi, mon frère
                                  Jules.
                                   -  Ma position est bien différente de la tienne, répliqua
                                  Jules. Tu es le maître absolu de toutes tes actions; moi, je
                                  suis l'esclave des circonstances. Si nous perdons le Canada,
                                  il est tout probable que la majorité de la noblesse canadien-
                                  ne émigrera en France, où elle trouvera amis et protection;
                                  si ma famille est de ce nombre, je ne puis quitter l'armée.
                                  Dans le cas contraire, je reviendrai, après quelques années de
                                  service, vivre et mourir avec mes parents et mes amis, et,
                                  comme toi, reposer ma tête sous cette terre que j'aime tant.
                                  Tout me fait espérer, mon frère, qu'après une vie très agi-
                                  tée dans notre jeunesse, nous verrons plus tard de meilleurs
                                  jours.
                                    Les deux amis se séparèrent après un long et affectueux
                                  entretien, le dernier qu'ils eurent dans cette colonie que l'on
                                  appelait encore la Nouvelle-France. Lorsque le lecteur les y
                                  retrouvera après quelques années, elle aura changé de nom
                                  et de maître.











                                                     -   207-
   201   202   203   204   205   206   207   208   209   210   211