Page 201 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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bonne supérieure, tantt de Jules, leur faisait jadis servir la
                                        collation, dans les fréquentes visites qu'il faisait au couvent,
                                        avec son ami, pendant son long séjour au collège des Jésuites,
                                        à Québec.
                                          La supérieure l'accueillit avec une politesse froide, et lui
                                        dit:
                                          -  Bien fâchée de vous avoir fait attendre; prenez, s'il
                                        vous plaît, un siège, monsieur.
                                          -  Je crains, dit Arché, que madame la supérieure ne me
                                        reconnaisse pas.
                                          -  MiUe pardons, répliqua la supérieure: vous êtes mon.
                                        sieur Archibald Cameron of Locheill.
                                          -  Vous m'appeliez autrefois Arché, fit le jeune hom-
                                        me.
                                          - Les temps sont bien changés, monsieur de Locheill,
                                        répliqua la religieuse; et il s'est passé bien des événements
                                        depuis.
                                          De Locheill fit écho à ces paroles, et répéta en soupi.
                                        ranl:
                                          - Les temps sont bien changés, et il s'est passé bien des
                                        événements depuis. Mais, au moins, madame, comment se
                                        porte mon frère Jules d'Haberville?
                                          - Celui que vous appeliez autrefois votre frère, monsieur
                                        de Locheill, est maintenant, je l'espère, hors de danger.
                                          - Dieu soit loué 1 reprit de Locheill, toute espérance n'est
                                        pas maintenant éteinte dans mon cœur 1 Si je m'adressais à
                                        une personne ordinaire, il ne me resterait plus qu'à me
                                        retirer après avoir remercié madame la supérieure de l'en-
                                        trevue qu'elle a daigné m'accorder, mais j'ai l'honneur de
                                        parler à la sœur d'un brave soldat, à l'héritière d'un nom
                                        illustré dans l'histoire par de hauts faits d'armes, par les
                                        nobles actions d'une dame d'Haberville 1; et, si madame veut


                                          1. L'auteur fait ici allusion aux dames de Verchères, ses
                                        grand'tantes, qui, en l'année 1690, et en l'année 1692, défendi-
                                        rent un fort attaqué par les sauvages, et les repoussèrent. La
                                        tradition dans la famille de l'auteur, est que ces dames, leurs ser-
                                        vantes et d'autres femmes se vêtirent en hommes pour tromper
                                        les Indiens, tirèrent le canon, firent le coup de fusil en se mul-
                                        tipliant sur tous les points attaqués, jusqu'a ce que les ennemis,
                                        pensant le fort défendu par une forte garnison, prissent la fuite.
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