Page 166 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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temps à autre, paraissaient les seuls êtres vivants de ce beau
                                   domaine. Il répéta en soupirant, avec le barde écossais:
                                   c Selma, thy halls are silent. There is no sound in the woods
                                   c of Morven. The wave tumbles alone in the coast. The silent
                                   c beam of the sun is on the field. lt -  Oh 1 oui! mes amis 1
                                   s'écria de Locheill dans l'idiome qu'il affectionnait, vos
                                   salons sont maintenant, hélas 1 déserts et silencieux 1 Il ne
                                   sort plus une voix de ce promontoire dont l'écho répétait
                                   naguère vos joyeux accents 1 le murmure de la vague tom-
                                   bant sur le sable du rivage se fait seul entendre! Un unique
                                   et pâle rayon du soleil couchant éclaire vos prairies jadis
                                   si riantes.
                                     Que faire, mon Dieu 1si la rage de cet animal féroce n'est
                                   pas assouvie? Dois-je refuser d'obéir? Mais alors je suis un
                                   homme déshonoré; un soldat, surtout en temps de guerre, ne
                                   peut, sans être flétri, refuser d'exécuter les ordres d'un offi-
                                   cier supérieur. Cette brute aurait le droit de me faire fusiller
                                   sur-le-champ, et le blason des Cameron of Locheill serait à
                                   jamais terni 1 car qui se chargera de laver la mémoire du
                                   jeune soldat qui aura préféré la mort du criminel à la souil-
                                   lure de l'ingratitude '1 Au contraire, ce qui, chez moi, n'au-
                                   rait été qu'un sentiment de reconnaissance, me serait imputé
                                   comme trahison par cet homme qui me poursuit d'une haine
                                   satanique.
                                     La voix rude du major Montgomery mit fin à ce mono-
                                   10gue'Q  f'      . , 1 . d' 'l?
                                     -   ue altes-vous ICI, UI It-I .
                                     - J'ai laissé reposer mes soldats sur les bords de la riviè-
                                   re, répondit Arché, et je me proposais même d'y passer la
                                   nuit après la longue marche que nous avons faite.
                                     -  Il n'est pas encore tard, reprit le major: vous connais-
                                   sez mieux que moi la carte du pays; et vous trouverez aisé-
                                   ment pour bivouaquer une autre place que celle que je viens
                                   de choisir pour moi-même.
                                     - Je vais remettre mes hommes en marche; il y a une
                                   autre rivière à un mille d'ici, où nous pourrons passer la nuit.
                                     - C'est bien, dit Montgomery d'un ton insolent, et comme
                                   il ne vous restera que peu d'habitations à brûler dans cet
                                   espace, votre troupe pourra bien vite se reposer de ses fati-
                                   gues.
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