Page 162 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Il s'est fait une glorieuse réaction depuis quelques années:
                                   chacun a mis la main à l'œuvre de réhabilitation; et le Cana-
                                  dien peut dire comme François 1er: «Tout est perdu fors
                                  l'honneur ». Je suis loin de croire cependant que tout soit per-
                                   du: la cession du Canada a peut-être été, au contraire, un bien-
                                  fait pour nous; la révolution de 93, avec toutes ses horreurs,
                                  n'a pas pesé sur cette heureuse colonie, protégée alors par le
                                  drapeau britannique. Nous avons cueilli de nouveaux lau-
                                  riers en combattant sous les glorieuses enseignes de l'An-
                                  gleterre, et deux fois la colonie a été sauvée par la vaillance
                                  de ses nouveaux sujets. A la tribune, au barreau, sur les
                                  champs de bataille, partout sur son petit théâtre, le Canadien
                                  a su prouver qu'il n'était inférieur à aucune race. Vous avez
                                  lutté pendant un siècle, ô mes compatriotes! pour maintenir
                                  votre nationalité, et grâce à votre persévérance, elle est en-
                                  core intacte; mais l'avenir vous réserve peut-être un autre
                                  siècle de luttes et de combats pour la conserver. Courage et
                                  union, mes compatriotes!
                                    Deux détachements de l'armée anglaise étaient déharqués
                                  à la Rivière-Ouelle, au commencement de juin 1759. Quel-
                                  ques habitants de la paroisse, embusqués sur la lisière du bois,
                                  les avaient accueillis par ulle vive fusillade, et leur avaient
                                  tué quelques hommes. Le commandant, exaspéré de cet
                                  échec, résolut d'en tirer une éclatante vengeance. Les deux
                                  détachements avaient remonté la rivière, et étaient venus
                                  camper vers le soir près d'un ruisseau qui se décharge dans
                                  l'anse de Sainte-Anne, au sud-ouest du collège actuel. Le
                                  lendemain au matin, le commandant, prêt à ordonner la
                                  marche d'une des compagnies, appela le lieutenant et lui
                                  dit:
                                    -  Vous mettrez le feu à toutes les habitations de ces
                                  chiens de Français que vous rencontrerez sur votre passage;
                                  je vous suivrai à petite distance.
                                    -  Mais, dit le jeune officier, qui était Ecossais, faut-il
                                  incendier aussi les demeures de ceux qui n'opposent aucune
                                  résistance? On dit qu'il ne reste que des femmes, des vieil-
                                  lards et des enfants dans ces habitations.
                                    -  Il me semble, monsieur, reprit le major Montgomery,
                                  que mes ordres sont bien clairs et précis; vous mettrez le
                                  feu à toutes les habitations de ces chiens de Français que
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