Page 142 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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la balance qui vous revient; compulsez vos livres pour voir si
c'est correct.
II est mort depuis longtemps; honneur à sa mémoire 1
et que les bénédictions d'un vieillard profitent à ses enfants.
Le temps pressait, comme je l'ai dit, et quand bien même
j'aurais eu le cœur de faire des poursuites, rien ne pouvait
me sauver. Ajoutons les intrigues d'amis et d'ennemis pour
profiter de mes dépouilles, et il est aisé de pressentir qu'il
me fallait succomber; je baissai la tête sans faire face à l'ora-
ge, et je me résignai.
Je ne voudrais pas, ô mon fils! attrister ta jeune âme du
récit de tout ce que j'ai souffert; il me suffira d'ajouter
que, tombé entre les griffes de créanciers impitoyables, je
dus boire la coupe d'amertume jusqu'à la lie. A part l'in-
gratitude de mes amis, j'étais homme à souffrir peu pour
moi individuellement. Ma gaieté naturelle ne m'aurait pas
même abandonné entre les murs de la Bastille: j'aurais pu
danser à la musique discordante que produit le grincement
des verrous. Mais, ma famille! Mais les remords cuisants
qui poursuivent le jour, qui causent les longues insomnies.
qui ne vous laissent ni trêve ni repos, qui font vibrer les
nerfs de la sensibilité comme si de fortes tenailles les met.
taient sans c"sse en jeu avec leurs dents métalliques !
Je suis d'opinion, mon fils, qu'à de rares exceptions.
tout homme qui en a les moyens, paie ses dettes: les tour-
ments qu'il endure à la vue de son créancier sont plus que
suffisants pour l'y contraindre, sans la rigueur des lois
qui ne sont souvent faites que pour les riches au détriment
des pauvres. Parcours tous les codes de lois anciens et mo-
dernes, et tu seras frappé du même égoïsme barbare qui les
a dictés. Peut-on imaginer, en effet, un supplice plus hu-
miliant, plus cruel que celui d'un débiteur en face de son
créancier, un fesse-mathieu, le plus souvent, auquel il se
voit obligé de faire la courbette? Peut-on imaginer humilia-
tion plus grande que de louvoyer sans cesse pour éviter la
rencontre d'un créancier?
Une chose m'a toujours frappé: c'est que la civilisation
fausse le jugement des hommes, et qu'en fait de sens com-
mun, de gros bon sens, que l'on doit s'attendre à rencon.
trer dans la cervelle de tout être civilisé fj'en excepte pour-
tant les animaux domestiques qui reçoivent leur éducation
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