Page 140 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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J'obtins une place de haute confiance dans les bureaux.
Avec mes dispositions, c'était courir à ma perte. l'étais
riche par moi-même; mon père m'avait laissé une brillante
fortune, les émoluments de ma place étaient considérables,
je maniais à rouleaux J'or que je méprisais.
Je ne chercherai pas, fit le bon gentilhomme en se frap-
pant le front avec ses deux mains, à pallier mes folies pour
accuser autrui de mes désastres; oh 1 non 1 mais il est une
chose certaine, c'est que j'aurais pu suffire à mes propres
dépenses, mais non à celles de mes amis, et à celles des amis
de mes amis, qui se ruèrent sur moi comme des loups affa-
més sur une proie facile à dévorer. Je ne leur garde aucune
rancune: ils agissaient suivant leur nature: quand la bête
carnassière a faim, elle dévore tout ce qu'elle rencontre.
lncapable de refuser un service, ma main ne se ferma plus;
je devins non seulement leur banquier, mais si quelqu'un
avait besoin d'une caution, d'un endossement de billet, ma
signature était à la disposition de tout le monde. C'est là,
mon cher Jules, ma plus grande erreur; car je puis dire en
toute vérité que j'ai été obligé de liquider leurs dettes, qua-
tre-vingt-dix-neuf fois sur cent, de mes propres deniers, même
dans mes plus grands embarras, pour sauver mon crédit et
éviter une ruine d'ailleurs imminente, Un grand poète anglais
a dit: c Ne prête, ni n'emprunte, si tu veux conserver tes
amis •. Donne, mon cher fils, donne à pleines mains, puisque
c'est un penchant irrésistible chez toi; mais, au moins, sois
avare de ta signature: tu seras toujours à la gêne, mais tu
éviteras les malheurs qui ont empoisonné mon existence pen-
dant un demi-siècle.
Mes affaires privées étaient tellement mêlées avec celles
de mon bureau que je fus assez longtemps sans m'apercevoir
de leur état alarmant. Lorsque je découvris la vérité, après
un examen de mes comptes, je fus frappé comme d'un coup
de foudre. Non seulement j'étais ruiné, mais aussi sous le
poids d'une défalcation considérable! Bah! me dis-je, à la
fin, que m'importe la perte de mes biens! que m'importe
l'or que j'ai toujours méprisé! que je paie mes dette!t;
je suis jeune, je n'ai point peur du travail, j'en aurai tou-
jours assez. Qu'ai-je à craindre d'ailleurs? mes amis me dni·
vent de~ sommes considérables. Témoins de mes difficultés
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