Page 76 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANCIENS CANADIENS 77
privées de servantes, seraient bien vite obligées de restreindre
leur hospitalité, ou même d'y mettre fin; mais il n'en est pas
ainsi: eUes jouissent même de la société sans guère plus de
trouble que leurs matis. La recette en est bien simple: eUes
font cuire de temps à autre, dans leurs moments de loisir, deux
ou trois fournées de différentes espèces de viandes, qu'c1les n'ont
aucune peine à conserver dans cet état, vu la rigueur de la
saison. Arrive·t-i1 des visites, il ne s'agit alors que de faire
réchauffer les comestibles sur leurs poêles toujours chauds à
faire rôtir un bœuf pendant cette époque de l'année: les habi·
tants détestent les viandes froides.
C'est un vrai plaisir, ajouta Jules, de voir nos Canadiennes,
toujours si gaies, préparer ces repas improvisés: de les voir
toujours sur un pied ou sut l'autre, tout en fredonnant une
chanson, ou se mêlant à la conversation, courir de la table
qu'elles dressent à leurs viandes qui menacent de brftler, et,
dans un tour de main, remédier à tout; de voir Josephte s'asseoir
avec les convives, se lever vingt fois pendant le repas, s'il est
nécessaire pour les servir, chanter sa chanson, et finir par s'amu-
ser autant que les autres.
La veillée se prolongea bien avant dans la nuit: on avait tant
de choses à se dire! Et ce ne fut qu'après avoir reçu la
bénédiction de son père, Ct embrassé tendrement ses autres
parents, que Jules se retira avec son ami, pour jouir d'un
sommeil dont ils avaient toUS deux grand besoin après les
fatigues de la journée.