Page 73 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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74 LES ANCIENS CANADIENS
- Je veux bien croire, mon... mon seigneur, que votre latin
me menace de toUS ses chll.timents; mais j'ai eu le malheur de
perdre ma pouliche du printemps.
- Comment, drôle! tu veux te soustraire, pour une chétive
bête de six mois, aux droits seigneuriaux établis par ton souve-
rain, et aussi solides que les montagnes du nord, que tu regardes,
le sont sur leurs bases de roc. QUOI ego!...
- Je crois, dit tout bas le censitaire, qu'il parla algonquin
pour m'effrayer.
Et puis haut:
- C'est que, voyez-vous, ma pouliche, dans quatre ans, sera,
à ce que disent tous les maquignons, la plus fine trotteuse de la
côte du sud et vaudra cent francs comme un sou.
- Allons, va-t'en à tous les diables! répond mon oncle
Raoul, et dis à Lisette qu'elle te donne un bon coup d'eau-de·vie
pour te consoler de la perte de ta pouliche. Ces coquins!
ajoute mon oncle Raoul, boivent plus de notre eau-<le.vie qu'ils
ne paient de rentes.
(Les jeunes gens arrivent en face du manoir. lIfaiJ
l'étonnement les cloue S/l, place: partout de la lumiè-
re, des gens qui s'affairent, un va-et-vient extraordi-
naire. Dan! un coin, de! homme! armé! d'une
hache... Rien de grave: &'e!lla féle du mai, que l'on
prépare pour le lendetTMin, Jules se charge d'initier
ton am; à la cérémonie).
- Viens, dit Jules à son ami après le souper: viens voir les
apprêts qui se font pour le repas du matin des gens du mai.
Comme ni toi, ni moi, n'avons eu l'avantage d'assister à ces
fameuses noces du riche Garnache, qui réjouissaient tant le
cœur de ce gourmand Sancho Pança, ça pourra, au besoin, nous
en donner une idée.