Page 71 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANCIENS CANADIENS

                 de sept lieues en cet endroit, et ne rencontrant d'obstacle au nord
                 que les Laurentides dont il baigne les pieds, et que l'œil embras-
                 se, avec toUS ses villages, depuis le cap Tourmente jusqu'à la
                 Malbaie; c'étaient l'île aux Oies et l'île aux Grues à l'ouest; en
                 face les Piliers, dont l'un est désert et aride comme le roc d'Oea
                 de la magicienne Circé, tandis que j'autre est toujours vett
                 comme l'île de Calypso; au nord, la batture aux Loups-Marins,
                 de tout temps si chérie des chasseurs canadiens; enfin les deux
                 villages de l'Islet et de Saint-Jean-Port-Joli, couronnés par les
                 clochers de leurs églises respectives.
                   Il était près de neuf heures du soir, lorsque les jeunes gens
                 arrivèrent sur le coteau qui domine le manoir au sud-ouest.
                 Jules s'arrêra rour à coup à la yue d'objets qui lui rappelaient
                 les plus heureux jours de son existence.
                   - Je n'ai jamais approché, dit-il, du domaine de mes ancêrres
                 sans être vivement impressionné.  Que l'on vante, tant qu'on
                 voudra, la beauté des sites pittoresques, grandioses, qui abon-
                 dent dans notre belle Nouvelle.France, il n'en est qu'un pour
                 moi, s'écria-t-il en frappant fortement du pied la terre: c'est
                 celui où je suis né!  C'est celui où j'ai passé mon enfance,
                 entouré des soins tendres et affectionnés de mes bons parents.
                 C'est celui où j'ai vécu chéri de tout le monde sans exception.
                 Les jours me paraissaient alots trop courts pour suffire à mes
                 jeux enfamins!  Je me levais avec l'aurore, je m'habillais à la
                 hâre: c'était une soif de jouissances qui tessemblait aux trans·
                 portS de la fièvre!


                      [Ce paysage romantique incite les deux amis à
                     évoquer leurs souvenirs d'enfance.  Tls parlent de
                      Blanche d'Habe1vjJle., de Louise de Beaumont, et
                     surtout du capitaine Raoul, connu dans tout le pays
                     sous le nom de • Mon oncle Raoul», mais qui, ayant
                      le gotit du solennel et de l'emphase, préférait qu'on
                     l'appela «Le che1JaJier d'Haberville.J.
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