Page 80 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANCIENS CANADIENS                                  81

             Un second coup de feu annonça une nouvelle ambassade; les
          deux mêmes vieillards, avec leurs fusils au port d'atme, et
          accompagnés de deux des principaux habitants portant, l'un, sur
          une assiette de faïence, un petit gobelet d'une nuance verdâtre
          de deux pouces de hauteur, et l'autre, une bouteille d'eau-de·vie,
          se présentèrent, introduits par l'indispensable José, et prièrent
          M. d'Haberville de vouloir bien venir recevoir le mai qu'il avait
          eu la bonté d'accepter,  Sur la réponse gracieusement affirma.
          tive de leur seigneur, un des vieillards ajouta:
             -  Plaitait-il à notre seigneur d'arroser le mai avant de le
          noircir?
             Et sur ce, il lui présenta un fusil d'une main, et de l'autre un
          verre d'eau·de-vie.
             - Nous allons l'arroser ensemble, mes bons amis, dit M.
          d'Haberville en faisant signe à José, qui, se tenant à une distan·
          ce respectueuse avec quatre verres sur un cabaret remplis de la
          même liqueur généreuse, s'empressa de la lui offrir. Le sei·
          gneur, se levant alors, trinqua avec les quatre députés, avala
          d'un trait leur verre d'eau-<!e.vie, qu'il déclara excellence, et,
          prenant le fusil, s'achemina vers la porte, suivi de toUS les assis-
          tants.
             Aussitôt que le seigneur d'Haberville parut sur le seuil de la
          porte, un jeune homme, montant jusqu'au sommet du mai avec
          l'agilité d'un écureuil, fit faire trois tours à la girouette en
          criant: Vive le roi! vive le seigneur d'Haberville!  Et toute la
          foule répéta de toute la vigueur de ses poumons:  Vive le roi!
          vive le seigneur d'Haberville!  Pendant ce temps, le jeune
          gars descendait avec la même agilité, en coupant avec un ClIsse·
          tête, qu'il tira de sa ceinture, tous les coins et jalons du mai,
            Dès que le seigneur d'Haberville eut noirci le mai en déchar-
          geant dessus son fusil chargé à poudre, on présenta successive·
          ment un fusil à tous les membres de sa famille, en commençant
          par la seigneuresse; et les femmes firent le coup de fusil comme
          les hommes.
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