Page 81 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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                Ce fut ensuite un feu de joie bien nourri qui dura une bonne
              demi·heure.  On aurait pu croire le manoir assiégé par l'enne·
              mi.  Le malheureux arbre, si blanc avant cette furieuse attaque,
              semblait avoir été peint subitement en noir, tant était grand le
              zèle de chacun pour lui faire honneur.  En effet, plus il se
              brûlait de poudre, plus le compliment était supposé Batteur
              pour celui auquel le mai était présenté.
                Comme tout plaisir prend fin, même celui de jeter sa poudre
              au vent, M. d'Haberville profita d'un moment où la fusillade
              semblait se ralentir, pour inviter rout le monde à déjeuner.
              Chacun s'empressa alors de décharger son fusil pour faire un
              adieu temporaire au pauvre arbre, dont quelques éclats jon-
              chaient la terre; et tout rentra dans le silence.
                 Le seigneur, les dames et une douzaine des prmClpaux
              habitants cboisis parmi les plus âgés, prirent place à une table
              dressée dans la salle à manger habituelle de la famille,  Cette
              table était couverte des mets, des vins et du café qui compo·
              saient un déjeuner canadien de la première société; on '! avait
              aussi ajouté, pour satisfaire le goût des convives, deux bouteilles
              d'excellente eau-<le-vie et des galettes sucrées en guise de pain.
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                 I! n'y avait rien d'offensant pour les autres convives exclus de
              cette table; ils étaient fiers, au contraire, des égards que l'on
              avait pour leurs parents et amis plus âgés qu'eux.
                 La seconde table dans la chambre voisine, où trÔnair mon
              oncle Raoul, était servie comme l'aurait éré celle d'un riche et
              ostentateur habitant en pareilles circonstances.  Outre l'encom·
              brement de viandes que le lecteur connaît déjà, chaque convive
              avait près de son assiette la galette sucrée de rigueur, un
              croquecignote, une tarte de cinq pouces de diamètre, plus forte
              en pate qu'en confiture, et de l'eau·de·vie à discrétion.  I! y
              avait bien sur la table quelques bouteilles de vin auxquelles pero
               sonne ne faisait attention: ça ne grattait pas assez le gosier,
               suivant leur expression énergique.  Ce vin avait été mis plutôt
              pour les voisines et les autres femmes occupées alors à servir,
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