Page 182 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANGENS CANADIENS                                  183

            Enfin, touS les obstacles levés, toutes les difficultés surmon-
          tées par les deux familles, Jules épousa l'année suivante la
          blonde fille d'Albion, qui Sut bien vite gagner le cœur de tous
          ceux qui l'entouraient.
            Mon oncle Raoul, toujours rancunier au souvenit de la jambe
          que les Anglais lui avaient cassée dans l'Acadie, mais trop bien
          élevé pour manquer aux convenances, se renfermait d'abord,
          quand il voulait jurer à l'aise contre les compatriotes de sa belle
          nièce; mais, entièrement subjugué au bout d'un mois par les
          prévenances et l'amabilité de la charmante jeune femme, il
          supprima tout à coup ses jurons, au grand bénéfice de son âme
          et des oreilles pieuses qu'il scandalisait.

            Ce fut bien autre chose quand le cher oncle, tenant un petit
          neveu sur un genou et une petite nièce sur l'autre, les faisait
          sauter en leur chantant les jolies chansons des voyageurs cana-
          diens.  Qu'il était lier quand leur maman lui criait:
            Mais venez donc, de grâce, à mon secours, mon cher oncle,
          ces petits démons ne veulent pas s'endormir sans vous.
            Mon oncle Raoul avait déclaré qu'il se chargerait de l'éduca-
          tion militaire de son neveu; aussi, dès l'âge de quatre ans, ce
          guerrier en herbe, armé d'un petit fusil de bois, faisant déjà des
          charges furieuses contre l'abdomen de San instructeur, ohligé
          de défendre avec sa canne la partie assiégée.
            -- Le petit gaillard, disait le chevalier en se redressant, aura
          le bouillant courage des d'Haberville, avec la ténacité et l'indé-
          pendance des fiers insulaires dont il est issu par sa mère.
            José s'était d'abord montré assez froid pour sa jeune maitres-
          se; mais il finit par lui être sincèrement attaché.  Elle avait
          bien vite trouvé le point vulnérahle de la cuirasse, aussi la jeune
          dame ne cessait de présenter à José, tantôt un vetre d'eau-de-vie
          pour le réchauffer, tantôt un gobelet de vin pour le refraichir;
          et José finir par avouer que, si les Anglais étaient pas mal
          rustiques, les Anglaises ne leur ressemblaient nul1emenc.
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