Page 180 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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tES ANCIENS CANADIENS 181
- Merci, monsieur, dit Dumais, de nous mettre sur la même
ligne, nous pauvres cultivateurs, que cette noble et iHustre
famille.
-- Je ne considère dans les hommes, repartit de Locheill, que
leurs vcrtus et leurs bonnes qualités. Certes, j'aime et respecte
la noblesse; ce qui ne m'empêche pas d'aimer et respecter tous
les hommes estimables, et de leur rendre la justice qu'ils
méritent. Mon intention est de vous donner le quart de ma
forrune.
- Ahl monsieur, s'écria Dumais.
- Ecoutez·moi bien mon ami. Un gentilhomme ne ment
jamais. Lorsque je vous ai dit que j'avais ce que vous appelez
des peines d'esprit, je vous ai dit la vérité. J'ai trouvé le
remède contre cette affreuse maladie: beaucoup d'occupations
et de travail manuel; et ensuite faire du bien à ceux que j'aime.
Mon intention est donc de vous donner, de mon vivant, un
quart de ma fortune; gare à vous, Dumais: je suis persévérant
et entêté comme un Ecossais que je suis; si vous me chicanez.
au lieu d'un quart, ~ suis homme à vous en donner la moitié.
Mais pour parler sérieusement, mon cher Dumals, vous me
rendriez ttès malheureux si vous me refusiez.
- S'il en est ainsi, monsieur, dit Dumais avec des larmes
dans la voix, j'accepte vos dons, que j'aurais d'ailleurs mauvaise
grâce de refuser d'un homme comme vous.
Laissons de Locheill s'occuper activement d'enrichir Dumais,
et retournons à nos autres amis.
Le bon gentilhomme, presque centenaire, ne vécut qu'un an
après l'arrivée de Jules. Il mourut entouré de ses amis, après
avoir été l'objet des soins les plus touchants de Blanche et de
son frère, pendant un mois que dura sa maladie. Quelques
moments avant son décès, il pria Jules d'ouvrir la fenêtre de sa
chambre, et jetant un regard éteint du CÔté de 1s. petite rivière
qui coulait paisiblement devant sa porte, il lui dit: