Page 186 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANOENS CANADIENS 187
par s'y fixer lorsque l'amitié la plus pure eut remplacé le senti-
ment plus vif qui avait obscurci les beaux jours de sa jeunesse.
Blanche ne fut désormais, aux yeux d'Arché, qu'une sœur
d'adoption: et le doux nom de frère, que Blanche lui donnait,
purifiait ce qui restait d'amour dans ce noble cœur de femme.
Jules avait été un fils tendre et respecrueux: ses deux enfants
furent pour lui ce qu'il avait été pour ses bons parents.
L'auteur a tant d'affection pour les principaux personnages
de cette véridique histoire, qu'il lui en coûte de les faire dispa.
raître de la scène: on s'attache naturellement aux fruits de ses
œuvres. Il craindrait aussi d'affliger ceux des lecteurs qui
partagent son attachement pour ses héros, en les tuant d'un
coup de plume: le temps fera son œuvre de mort sans l'assis-
tance de l'auteur.
Il est onze heures du soir, vers la fin d'octobre; tOute la
famille d'Haberville est réunie dans un petit salon suffisamment
éclairé, sans même le secours des bougies, par la vive clarté
que répand une brassée d'éclats de bois de cèdre qui Hambe
dans la vaste cheminée. De Locheill, qui approche la soixan-
taine, fait une partie d'échecs avec Blanche. Jules, assis près
du feu entre sa femme et sa fille, les fait endêver tOUS deux,
sans négliger pouerant les joueurs d'échecs.
Le jeune Arché d'Haberville, fils unique de Jules et filleul de
Locheill, paraît réHéchir sérieusement tOut en suivant d'un œil
attentif les figures fanrastiques que crée son imagination dans
le brasier qui s'éteint lentement dans l'âcre de la cheminée.
- A quoi pensez-vous, grave philosophe? lui dit son père.
- J'ai suivi avec un intérêt toujours croissant, répond le
jeune homme, un petit groupe d'hommes, de femmes, d'enfants
qui marchaient, dansaient, sautaient, montaient, descendaient;
et puis tour a disparu.
En effet, le feu de cèdte venait de s'éteindre.
- Tu es bien le fils de ta mère, et le digne filleul de ton