Page 178 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANCIENS CANADIENS 179
- Je comprends maintenant, dit Dumais; mais qu'un homme
comme vous, qui a rout à souhait, qui possède tant d'esprit, et
tant de ressources pout chasser les mauvaises pensées, puisse
s'amuser à vos diables bleus, c'est ce qui me surpasse.
- Mon cher Dumais, reprit Arché, je pourrais vous répon-
dre que chacun a ses peines dans le monde, même ceux qui
paraissent les plus heureux; qu'il me suffise de vous dire que
c'est maladie chez moi, et que je compte sur vous pour m'en
guérir.
- Commandez-moi, M. Arché, je suis à vous le jour cOmme
la nuit.
-J'ai essayé de rout, continua Arché: l'étude, les travaux
littéraires; j'étais mieux le jour, mais mes nuits étaient sans
sommeil; et, si j'avais même la chance de dormir, je me réveil-
lais aussi malheureux qu'auparavant. J'ai pensé qu'un fort
travail manuel pourrait seul me guérir, et qu'après une journée
de fort labeur, je goûterais un sommeil réparateur qui m'est
refusé depuis longtemps.
- C'est vrai cela, dit Dumais: quand un homme a bien
travaillé le jour, je le défie d'avoir les insomnies; mais où voulez-
vous en venir, et en quoi serais-je aSsez heureux pour vous
aider?
- C'est de vous, mon cher Dumais, que j'attends ma guéri-
son. Mais écoutez-moi sans m'interrompre, et je vais vous
faire parr de mes projets. Je suis maintenant riche, rrès riche,
et voici mon principe; puisque la Providence m'a donné des
richesses que je ne devais jamais espérer, je dois en employer
une partie à faire le bien. Il y a, dans cette paroisse et dans les
environs, une immense étendue de terre en friche, soit à vendre,
soit à concéder. Mon dessein est d'en acquérir une quantité
considérable, et non seulement d'en surveiller le défrichement,
mais d'y travailler moi-même: vous savez que j'ai les bras bons;
et j'en ferai bien autant que les autres.
- Connu, fit Dumais.