Page 171 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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172 LES ANCIENS CANADIENS
réunir de plus confonable, et le vilain sexe, relégué n'importe
où, s'accommodait de tout ce qui lui tombait sous la main.
Ces hommes, qui avaient passé la moitié de leur vie à
bivouaquer dans les forêts pendant les saisons les plus rigoureu-
ses de l'année, qui avaient fait quatre ou cinq lieues sur des
raquettes, couchant le plus souvent dans des trous qu'ils creu-
saient dans la neige, comme ils firent lorsqu'ils allèrent surpren-
dre les Anglais dans l'Acadie, ces hommes de fer se passaient
bien de l'édredon pour leur coucbe nocturne.
La folle gaieté ne cessait que pendant le sommeil, et renaissait
le matin. Comme tout le monde portait alors de la poudre, les
plus adroits s'érigeaient en perruquiers, voire même en barbiers.
Le patient, entouré d'un ample peignoir, s'asseyait gtavement
sur une chaise; le coiffeut improvisé manquait tarement alors
d'ajouter à son rôle, soit en traçant avec la houppe à poudrer
une immense paire de favoris à ceux qui en manquaient; soit
en allongeant démesurément un des favoris de ceux qui en
étaient pourvus, au déttiment de l'autre; soit en poudrant les
sourcils à blanc. Le mystifié ne s'apercevait souvent de la masca-
rade que par les éclats de rire des dames, lorsqu'il faisait son
entrée au salon.
La société se dispersa au bout de trois jours, malgré les
instances de Monsieut et de Madame d'Haberville pour les
retenir plus longtemps. Arcbé seul, qui avait ptomis de passer
un mois avec ses anciens amis, tint parole et resta avec la
famille.