Page 169 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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170 LES ANCIENS CANADIENS
jeux, qui seraient inconvenants de nos jours, étaient alors reçus
sans inconvénients. Tout se passait avec la plus grande décen-
ce: on aurait dit des frères et des sœurs se livrant en famille aux
ébats de la plus folle gaieté.
Ce n'était pas sans intention que Jules, qui avait sur le cœur
la pincée de l'aimable Elise, proposa un jeu au moyen duquel
il espérait tirer sa revanche. Voici ce jeu: une dame, assise
dans un fauteuit, commençait par choisir une personne pour sa
fille; on lui mettait ensuite un bandeau sur les yeux, et il lui
fallait alors, à l'inspection du visage et de la tête seulement,
deviner laquelle était sa fille de tOus ceux qui s'agenouillaient
devant elle, la tête enveloppée d'un chille ou d'un tapis;
chaque fois qu'elle se tcompait, elle devait payer un gage. C'était
SOnvent un jeune homme, un vieillard, une vieille femme qui
s'agenouillait, la tête ainsi couvene: de là résultaient des
quiproquos.
Quand ce fut le tour d'Elise de trôner, elle ne manqua pas de
choisir Jules pour sa fille, ou son fils, comme il plaira au
lecteur, afin de le martyriser un peu pendant l'inspection. Le
jeu commence: COut le monde chante en chœur à chaque per-
sonne qui s'agenouille aux pieds de la dame aux yeux bandés:
Madame, est-ce là votre fille,
En boutons d'or, en boucles d'argent.
Les mariniers sont sur leur banc.
La dame voilée doit répondre par le même refrain.
Oui, c'est là ma fille,
Ou bien:
Ce n'est pas ma fille,
En boutons d'or, en boucles d'argent.
Les mariniers sont sur leur banc.