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168 LES ANCIENS CANADIENS
A la lin de chaque couplet, chacun frappait sur la table, sur
les assiettes, avec les mains, les couteaux, les fourchettes, de
manière à faire le plus de vacarme possible.
Blanche, priée de chanter «Blaise et Babet», sa chanson
favorite, voulut d'abord s'excuser, et en proposer une autre, mais
les demoiselles insistèrent en criant: «Blaise et Babet»! la
mineure est si belle!
-J'avoue, clit Jules, que c'en est une mineure, celle-là, avec
son «et que ma vie est mon amour» pour moi c ma vie est
mon amour» qui doit tenir une place bien touchante dans le
cœur féminin, d'ailleurs si constant! Vite à la belle mineure,
pour réjouir le cœur de ces charmantes demoiselles!
Celle-ci hésita encore; mais, craignant d'attirer sur elle l'at-
tention de la société par un tefus, elle chanta avec des larmes
dans la voix les couplets suivants: c'était le cri déchirant de
l'amour le plus pur s'échappant de son âme malgré ses efforts
pour le refouler dans son cœur: et quand elle termina sur ces
mots:
Si je cessais d'être la même,
Si mon teint perdait sa fraîcheur,
Ne t'ois que ma tendresse extrême,
Ne me juge que sur mon cœur:
SOfltliens-toi que la fleur nouvelle
Ne vit et ne brille qu'un jour;
Pottr moi ma flamme est hemelle:
Pour moi ma vie est mon amottr.
Tout le monde fut péniblement frappé de ces accents plaintifs
dont on ignorait la vraie cause, l'attribuant aux émotions qu'é-
prouvait Blanche de voir, après de si cruelles infortunes, son
frère bientôt échappé comme par miracle au sort des combats,
et se retrouvant encore au milieu de ce qu'il avait de plus cber
au monde.