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166 LES ANCIENS CANADIENS
mrer l'os. Non, messieurs, les présages ne m'ont jamais trom-
pé.
- Qu'en pensez-vous, monsieur le chevalier? dir le curé.
- Je suis d'opinion, fir mon oncle Raoul, que voici le vin du
dessert sur la rable, et qu'il esr urgent de l'arraquer.
- Excellente décision! s'écria-r-on de toutes parts.
- Le vin est le plus infaillible des présages, dit Jules, car il
annonce la joie, la franche gaieté, le bonheur enfin;
[Le vin rend les convives bavards et facilement
hâbleurs. Chacun raconte les hauts faits d'armes
dont il a été le héros. On demande à M. des P.cors
comment il s'est tiré des griffes du général Murray}.
- Quand j'y pense, mon ami, dit M. des Écors, j'éprouve
dans la région des bronches une certaine sensation qui m'étran-
gle. Je n'ai pourtant pas lieu de trop me plaindre, car le
général fit les choses en conscience à mon égard: au lieu de
commencer par me faire pendre, il en vint à la sage conclusion
qu'il était plus régulier de faire d'abord le procès à l'accusé, et
de ne le mettre à mort que sur conviction. Le sort du malheu-
reux meunier Nadeau, dont je partageais la prison, accusé du
même crime d'avoir fourni des vivres à l'armée française, et
dont il ne fit le procès qu'après l'avoir fait exécuter; la triste fin
de cet homme respectable, dont il reconnut trop tard l'inno-
cence, lui donna, je crois, à réfléchir qu'il serait plus régulier de
commencer par me mettre en jugement que de me faire pendre
au préalable: mesure dont je me suis très bien trouvé, et que je
conseille à tous les gouverneurs présents et fumrs d'adopter,
comme règle de conduite dans les mêmes circonstances. ]'ai
passé de bien tristes moments pendant ma captivité: toute
communication au dehors m'était inrerdire; je n'avais aucun
moyen de me renseigner sur le SOrt qui m'était réservé. Je de-
mandais chaque jour à la sentinelle qui se promenait sous mes