Page 101 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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102                         LES ANCIENS CANADIENS

               enfants requéraient encore les soins de l'amour marernel. J'ai
               honte de l'avouer, mon fils, mais j'étais souvent en proie à un
               rel désespoir que je fus cent fois tenté de me btiset la tête
               contte les barreaux de ma chambte.  Savait mes enfants sur
                leur lit de mort, et ne pouvait voler à leur secours, les bénit et
                les ptesset dans mes bras pour la dernière fois!
                  Et cependant mon persécureut connaissait tout ce qui se
                passait dans ma famille, il le savait comme moi.  Mais la pitié
               est donc motte au cœur de l'homme, pout se réfugier dans le
               cœut, j'allais dire dans l'âme de l'animal privé de raison!
                L'agneau bêle ttistement lorsqu'on égorge un de ses compa-
               gnons, le bœuf mugit de rage et de douleur lorsqu'il flaire le
                sang d'un animal de son espèce, le cheval souffle bruyamment,
                renâcle, pousse ce hennissement lugubre qui perce l'âme, à la
                vue de son frère se débattant dans les douleurs de l'agonie, le
                chien pousse des hurlements plaintifs pendant la maladie de
                ses maîtres: l'homme, lui, suir son frère à sa dernière demeure,
                en chuchotant, en s'entretenant de ses affaires et d'histoires
                plaisantes.
                  Comme j'avais fait à mes créanciers, depuis longremps, l'ahan-
                don de tout ce que je possédais, que tous mes meubles et
                immeubles avaient été vendus à leur bénéfice, je présentai au
                toi supplique sur supplique pour obtenir mon élargissement
                après quatre ans de réclusion.  Les ministres furent bien d'opi-
                nion que, tout considéré, j'avais assez souffert, mais il s'élevait
                une grande düIiculté, et la voici: quand un débiteur a fait un
                abandon franc et honnête de tout ce qu'il possède, quand on a
                vendu tous ses meubles et immeubles, lui reste-t-il encore quel-
                que chose?  La question était épineuse.  Néanmoins, après
                d'assez longs débats, on décida dans la négative, malgré un
                argument de trois heures d'un grand arithméticien, beau par-
                leur, qui prétendait résoudre que, qui de deux paie deux, il reste
                encore une fraction.  Et l'on finit par me mettre très poliment
                à la porre.
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