Page 106 - La Généalogie retrouver ses ancêtres

LES ANCIENS CANADIENS 107

- Quand donc, mon Dieu! quand aurai·je ce bonheur?
Elle se traînait au pied de la statue de la sainte Vierge, cette
mère des grandes douleurs; et il lui semblait que les yeux de la
madone s'attristaient, et qu'elle y lisait cette douloureuse sen-
tence:
- SouHre comme moi avec résignation, ô fille d'Eve! jus-
qu'au jour glorieux où tu seras récompensée de toutes tes
souffrances.
Et la pauvre mère s'écriait de nouveau:
- Quand donc! ma bonne sainte Vierge, arrivera ce jout
béni?
Elle arrosait le plancher de ses larmes, et s'en retournait chez
elle en gémissant.
La pauvre mère, après avoir prié un jour avec plus de ferveur
encore que de coutume, après avoir versé des larmes plus abon-
dantes, s'endormit dans l'église: l'épuisement amena, sans doute,
le sommeil. Le bedeau ferma l'édifice sacré sans remarquer sa
présence. Il pouvait être près de minuit lorsqu'elle s'éveilla:
un rayon de lune, qui éclairait le sancruaire, lui révéla qu'elle
érait toujours dans l'église. Loin d'être effrayée de sa solitude,
elle en ressentir de la joie; si ce sentiment pouvair s'allier avec
l'état souffrant de son pauvre =ur!
- Je vais donc prier, dit-elle, seule avec mon Dieu! seule
avec la bonne Vierge! seule avec moi·même!
Comme elle allair s'agenouiller, un bruir sourd lui fir lever
la tête: c'étair un vieillard, qui, sortant d'une des portes latérales
de la sacristie, se dirigeait, un cierge allumé à la main, vers
l'autel. Elle vit, avec surprise, que c'était un ancien bedeau du
village, morr depuis vingt ans. La vue de ce spectre ne lui
inspira aucune crainte: tout sentiment semblait éreint chez elle,
si ce n'est celui de la douleur. Le fantôme monra les marches
de l'aute!, alluma les cierges, er fit les prépararions usirées pour
célébrer une messe de requiem. Lorsqu'il se rerourna, ses yeux
lui parurent fixes et sans expression, comme ceux d'une sratue.