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et les preuves que j'en ay administrés, jay lieu de croire, ou du moins d'esperer,
que mes observations et mes representations a ee sujet auront leur effet.
L'article de la traite de l'eau de vie a toujours ses partisans et ses protec-
teurs, mais j'espere les derouter et leur &ter toute ressource dans le eourant de
cette année, par un memoire en forme de dissertation, dans lequel je traiteray
egalement et len interets de l'etat, et eeux de la religion, qui sont si etroitement
liés qu'on ne les peut diviser qu'a leur detriment reeiproque.
Mon but n'est pas d'attaquer la neeessité de la traite de l'eau de vie,
puisqu'on est determiné a la soutenir, envers et contre taus, mais de prouver
et de demontrer même.
1' qu'eue ne se peut soutenir de la maniere dont elle se fait, eu egard aux
inconvenients qui en resultent.
2" Que la traite de l'eau de vie, a la maniere dont elle se fait, est plus
propre a detacher les sauvages de nous et a les porter aux anglais, qu'a les rete-
nir, surtout des qu'ils trouvent cette malheiueuse buisson a meilleur compte
ehez I'anglois que chez nous.
3' Que la seulle traite de l'eau de vie ne suffit pas, puisque quand nous
en donnerions aux sauvages autant et plus qu'ils n'en veullent, ils iroient tou-
jours aux anglois pour y ehercher leurs autres besoins.
4' Qu'il faut absolument faire retirer tous les traiteurs anglois des postes
quils oeeupent chez nous, et ou ils ont des magasins fournis abondamment de
tout ce qui peut être necessaire aux sauvages.
5' Qu'il faut y substituer des traiteurs françois, et etablir den magazina
dans tous nos postes. quils soient fournis de tout ee qui peut etre necessaire.
6' Que nous ne devons pas moins traiter avee les sauvages den choses
quils peuvent nous fournir en eehnge, que de celles dont ils ont besoin, et que
par eonsequent ils exigent que naus leur procurions.
7' Que comme les sauvages ne peuvent traiter avec nous que des pelle-
teries, il faut nrressairement traiter avec eux de toutes celles quils peuvent
nous fournir, sans quoy ils porteront le surplus aux anglois, ce qui est arrivé
jusquaujourdhuy, que nous n'avons voulu traiter avec eux que de peaux de
chevreuils, encore voudrions nous qu'ils nous les preparassent, ce que n'exigent
pas d'eux les anglois.
8' Quil faut absolument interdire toute espece de traite ou commeree
aux troupes des postes ou il y a des garnisons, et recommlrnder aux 05ciers d'y
tenir la main, ce qui sera d'autant plus difficile a obtenir, qu'il n'est presque
pas possible de ne pas soupçonner un interet commun.
9' Qu'en interdisant toute espeee de traite et de commerce aux garni-
sons, il faut absolument qu'elle se fasse, ou pour le compte du Roy. ou par
quelque compagnie qui ait deux magazins generaux, l'un a la nouvelle orleans
pour fournir les magazins particuliers dans les differens poates, en remontant
du coté du nord. et l'autre a Quebec, pour remonter du côté du midy, jusqu'a
eeux qui auront eté etablis en remontant <lu sud au nord; le detail deeette distri-
bution depend d'un plan general qui pourra etre fait et formé sur la carte des
différentes colonies de votre Diacere hlon.ieigneur.
10' Je compte terminer ce mcmoire en prouvant que mon systeme et mon
projet bien execut6s, produiront aux entrepreneurs 100 pour 100, sur quoy il
sera facile de prelever les frais indispensables qui ne seront pas considerables,
puisquils n'absorberont jamais le quart du produit.
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