Page 53 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
P. 53

La  vision religieuse  de Champlain


                                    La nation  canadienne-française  réfléchit  beaucoup  de  re  temps-ci
                                eut  sw  destjnées  et  je  suis  persuadé  qu'elle  s'orientera  sur  la  bonne
                                voie.  Au  cours  de  mes  recherches  d'honnête  homme  sur  L'histoire  du
                                Québec,  j'ai  souvent  été  étonné  de  eonstater  l'intervention  divine  au
                                moment  où  tout  paraissait  perdu.  J'ai   voulu  étudier  dc  plus  près  la
                                vie  et  l'œuvre  du  Père  de  la  Nouvelle-France  pour  mieux  eomprendre
                                ses iutentions.  Ce  sera  la  réponie  de  l'histoire  à  eeux  qui  désespèrent
                                de notre  peuple  aussi  bien  qu'à  eeux  qui  tentent  de réduire  les  dirnen-
                                fionsi  de  notre  foi  ou  de  neutraliser  nofi  instilutioue.  eonlrairement
                                aux  intentions  des  fondateurs  de  uotre  pays.  Puisse  Champlain  nous
                                donner  une  leçon  de  courage !

                                    Ma  eornmunieation,  Ioreément  snceinete,  vous  rappellera  l'histoire
                                passionnante  de Samuel  de  Champlain,  sous  l'angle  religieux.  Premiè-
                                rement,  re  qu'a  été  la  vision  religieuse  de Charnplain;  deuxièmement,
                                de  quels  obstacles  elle  a  été  traversée;  troisitmement,  dans  vuelles
                                œuvres  elle  g'est  rdaliséc : voilà  ee  qne  j'essayerai  de  vous  dire  an
                                meilleur  de  mon  information.

                                        1 -  Ce  qu'a  éd h vision  relyiewe  de  Champhin

                                    Remarquons  d'abord  que  la  penGe  de Cham  lain  est  un  tout.  Il
                                est  aussi  grand  chretien  que  grand  politique.  P a  Iervcur  religieuse
                                couronne  son  amour  dc  la  patrie.  II  accompIira  une  grande  œuvre.
                                11  ne  le  mit  pas  eneore  parfaitement  lorsqu'il  fonde  Port-Royal  le
                                16 juin  1604,  ear  il  est  alors  plus  mordu  de  I'egprit  de  la  découverte
                                que  du  géuie  de la  colonisation,  et  il voudrait  bien  trouver  le  premier
                                le passage  vers  1s  Chine,  ciu  tont  au  moins prolonger  de vastes  explo-
                                rations  côtières  vers  la  Floride.  Il  eonnaitra  parfaitement  sa  vmation
                                le 30 juin  1608, quand il fonde Québec  sur les  bords du  Saint-Laurent.
                                A  ee moment-Ii,  il  est  en  posse~sion d'une  vision  coloniale  complète,
                                et  c'est  celle  d'une  Nouvelle-France  à  établir  effectivement  sur  cet
                                irnmcnse  territoire.  11  ne  s'agit  plus  de  d6couvrir  seulement;  il  ne
                                s'agit  plus  d'exploi tcr  comincrcialement la  traite  des fourrures;  il s'agit
                                de  eonstruire  un  Ltablissement  durable.  de  cr&r  avee  des  éléments
                                humains,  matériels et  moraux  nnc patrie  nouvelle  i l'image  de la mère
                                patrie.  11  s'agit  d'engendrer  une  socicié  monvelle,  capahle  de  soutenir
                                une  humanit;  nouvelle.  II  met  ses  ouvriers  à  I'muvre  pour  construire
                                la  iamense  r hbitation  de  Quebecq  a.
                                    Champlain  veut  rlonncr  cn  Amérique  un  empire  à  son Roi.  Cela
                                eemble,  à prcmière  vue,  nne  visée  purement  po1itiqur.  Mais nous  mm-
                                mes  à  une  époque  où  I'idée  religieuse  est  partie  inlégrante  de  l'idée
                                ~olitique. On  n'a  pas  eneore  dépeeé  l'homme  en  homo  economicw,
   48   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58