Page 51 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
P. 51
Robert Hache, à qui on avait destiné deux mouchoirs et qui en demanda
- il fut exaucé - deux autres 24 !
Le pére Lalemant avait de Ia discipline religieuse une conceplion
plus austère que le père Vimont. Celui-ci s'était permje des visites de
pure civilité et des sorties dans le monde, qui paraissaient au père Lale-
mant incompatibles avec l'esprit religieux. Le redressement se fera len-
tement, avec pmdence, mais il finira par s'imposer. En voici un
exemple.
Le 4 novembre 1695, donc un mois après eon arrivée à Québec,
le père Lalemant assiste avec le père Vimont au contrat de mariage
de la fille de M. Giffard. Nous y msistâmee, mais nous n'y signâmes
point. M. le Gouverneur et pIusieurs autree signèrent * Ce I: nous
n'y eignâmm point n'est pas l'effet du hasard; il indique chez le
nouveau Supérieur une intention bien arrêtée. Si, après cela, il note
la présence du père Vimont à des noces les 7, 21 et 27 novembre, ce
n'est pas qu'il approuve; il respecte tout simplement dee engagements
pris par son prédécesseur pendant qu'iI était encore Supérieur. Mais
voiei que la chose se rEpète le 2 octobre 1646; et cettc fois, Ie pére
Vimont est accompagné du pére Le Jeune Le père Lalcmant n'a
pas jugé bon de refuser brusquement la permission à s- deux prEdé-
cesseurs. Mais iI est temps de mettre fin à cet abus ! Et le 12 novem-
hre, le père Vimont bénit le mariage de la veuve de Jean Nicolet avec
Champagne. Eneuite de quoi, a il se délivre de l'importunité d'aller
aux noces, et fait en sorte qu'on envoie de la noce quelque chose à
la maison 27 *. Ce qu'il y a d'important ici, ee n'est pas que la veuve
Nicolet ait pris mari; ce n'est pas que les Pères aient go6té à la noce
tout en restant paisiblement chez eux, encore que le trait ne manque
pas de saveur; ce qu'il y a de vraiment important, e'est que le père
Vimont se soit 4 délivré m - on devine à l'instigation de qui - de
l'importunité d'aller aux nocee 1. Une telle rupture avec un passé tout
récent méritait l'insertion dans le Journal. Elle marque une libération,
elle exprime ce que sera désormais la eoutume : on n'ira plus aux
noees ! C'est encore parce qu'il veut fixer la discipline domestique sur
un point particulier, que le pére Lalemant inscrit dans le Journal la
fréquenee et la matière des exhortations spirituelles données à la corn-
munauté 's.
Il est bien permis de penser qu'en inscrivant dans son Journal lee
éléments d'un coutumier, le père Lalemant re~arde plus loin et plus
haut que Québec, qu'il vise à l'uniformité de la discipline dans toute
3
la mission; cette uniformité devaut venir de uébec, résidence du Sup&
rieur. Aussi longtemps qu'il n'y avait eu qu une résidence importante,
uébrx, la nécessité d'un coutumier se faisait moins sentir.
oses ont progreseé rapidement en ces treize dernières années;
2' Ihid.. 2425.
36 Ibid., 12.
38 Ibid.. 67.
27 iba.; 70.
2s Ibid.. 16.