Page 57 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
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donnait  le pas  à la  traite  des pelleterie8  et  aux  p8cheries;  elle  excluait
                               le peuplemeut  comme un  mal  et  la  mise en valeur  de la  colonie comme
                               une  concurrence.  Richelieu  n'exelut  pas  le  eommerre.  mais  il  le  mit
                               au  troisième  rang.  après  l'extension  de  la  ioi  et  l'établissement  des
                               colons  à  demeure.  Te1  est  le  programme  de  la  charte  des  Cent-
                               Associés  (1627).
                                   Si  on  w reporte  au règne  suivant, l'idéal  est mahitenu.  Louis XIV
                               et  Colbert  le  reprennent  sans  changement.  La  charte  de  la  Compagnie
                               des Indes Occidentales, en  16@, dira,  par  exemple :  Nous  rewardons
                               dans I'EtabIissernent  des  diies  colonies principalement  la  gloire  Xe  Dieu
                               cn  procurant  le  salut  des  Indiens  et  sauvages. *

                                   Il  faut  bien  dire  quelrlues  niots  ici  de  l'exclusive  prononck  par
                               la  uiEtropole  contre  les  protestants  en  Nauvelle.France.   Une  cnrre
                               géuéreuse  m'est  depensée  pour  voir  li une  erreur  capitale  de la  France
                               colonisante.  Si  e'est  une  erreur,  il  faut  cn  attribuer  le mérite  à  Cham-
                               plain.  D'abord  pour  des  raisons  fort  pratiques.  Quand  on  fonda
                               l'Acadie,  l'interdit  n'avait  pas  eucore  été  prononce.  Chtait  SOUS
                               Henri  IV, qui ne malmena  jamais  trop  ses  anciens coreligionnaires.  Et
                               en  Acadie,  la  colonie  se  trouvait  pourvue  d'un  pasteur  calviniste  et
                               d'uu  prêtre  catholique.  Champlain  les  surprit  un  jour  réglant  leurs
                               débats théologiques  à coups de poings !  Depuis ce  temps-là,  il  entretint
                               des doutm  4ur  le  bi-religionnisrne.  Pour  fonder  Québec,  il  dut  monter
                               des bateaux de commerce que gouvernaient  des entrepreneurs huguenots.
                               Nouveaux  embarras.  Discordm  parmi  le  personnel  bi-religionnaire  des
                               navires  et  des  magasins.  Contradictions  devant  les  RauvagH  entre  les
                               prédications  des deux  groupes.  Champlain  se convainquit qu'il  ne pou-
                               vait  y  avoir  de  plus  grand  obstacle  à  l'évangélisation  que  cette  lutte
                               d'influence.
                                   11  sera  intéressant,  avant  de guittcr  ee point,  de  comparer  un  peu
                               la  viaion  religieuse  du  iondateur  de  Québec  à  celle  du  fondateur  de
                               Montréal.  Cormnent  fu rent-elles  différentes ?  Coninkcnt  se  reseem-
                               blèrent-elles ?

                                   Apparemment,  Maisonneuve  ne  fondait  qu'un  poste  tandis  que
                               Champlain  fondait  un  royaumc.  A  la  vérité,  les  deux  fondaient  le
                               royaume.  Vons  savez  bien  que  de  tout  temps  Montréal  détcigit  sur
                               Québec,  fortifia  Québec,   ouv vent  sauva  Québec  et  toute  la  Nauvelle-
                               France,  comme  cn  1660 !  Maisonneuve  prit  la  NouveHe-France,  sept
                               ans après,  où  Champlain  l'avait  laissée.  De ce  chef, les  deux jumeaux,
                               ausvi  beaux  et  ma~nauirnes I'un  qne  l'autre,  avaient  bu  lc  même  lait
                               de la Mère Eglise,  de  In  Mère Eglise  de  France,  ct voulaient  fermcment
                               le  règne  du  Christ  qui  aime  les  Frarics.  Ils  lc  voulaient  avec  ferveur;
                               ils  le  \rciul~ient en  apôtres,  en  missionnaires.
                                   Ln  différerice  semble  reposer  srir  le  fait que  l'intentioii  de  Cham-
                               plain  était  plus  politique  qne celle  de  hlaisoiineuve,  comme  d'ailleurs
                               1'Etait  sa  eommissiori  de  Iieutenant  gCiiEral  pour  le  Roy  en  Nouvelle
                               Frnnce.  Maisonneuve  foridait  unc  çiié uiystique  ct  missionnaire;  Cham-
                               plain,  une ci té  politique et missionriaire.  Chez  Champlain,  vous  trouvez
                               une  haute  asceae  : lea  miseioriiiajres  nous  ont  dit  commerit  étaient
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