Page 58 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
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réglés lm exercices de piété  à 1'  Abitation  m.  Chez  Maisonneuve,  vous
                                  bouvez  tous  les  traits  du  chevalier  mystique,  du  ehrétien  qui  ambi-
                                  tionne  pour  lui-même la  haute  contemplatiou  et  qui  cberche  à  en  par-
                                  tager  le bienfait  avec  les  siens.  Champlain  est  un  aetif  qui  contemple;
                                  Maisonneuve  eet  un  contempltitif  qui agit.  Tous tant que noua  0ommea.
                                  nous avons  sans doute  hérité,  seion  nos régions,  de  l'une  ou  de l'autre
                                  tradition  !  Mais  ells ont  entre  eIles  beaucoup  d'harmonim.  beaucoup,
                                  comme  disent  les  musiciens,  de  notes  communes . . .
                                               II -  Les  obstacles  trouvCs  sur le  chemin
                                      Plns  une  idée  eat  belle,  lus elle semble  difficile à  véhiculer.  Nous
                                  pouvona  croire, à  trois siècles  et  demi  de distance,  sur  la  foi  de  pâles
                                  résumés,  que  l'idée  vraiment  grandiose  de  Champlain  fut  porlée  par
                                  des anges sur le  promontoire  de Québêc et  de là  à  mille milles jusqu'au
                                  fond  de la  Huronie  et même,  par  des  ange0  eonreurs  de bois  juvu'au
                                  fond  du  lae  Supérieur.  Pour  nous  détromper.  il  faut lire  une  mono-
                                  grapbie  détaillée.  Je  vous  coneeille,  excusa  ma  présomption,  celle
                                  qu'a  écrite  Emile  Micard  pour  la  collection  Les  grands  wt4igateurs,
                                  et  qui  s'intitule  l'Eflort   de  Champlain  1Ed.  Pierre Roger,
                                  Paris,  1929).  L'impression  qui  nous  en  reste  mt  celle  d'une  écrasante
                                  mélancolie.  Vous  voyez  cet  hoinme  piériner  sur  place,  reculer  de ph-
                                  sieurs  paa  quand  il  en  a  fait  péniblement  un  ou  deux,  persévérer,  oui,
                                  dans son  effort,  mais  finalement  toucher  le terne de son  existence  sana
                                  avoir,  semble-t-il,  rien  fait  qui  vaille.  J'ai  donni:  tout  à  l'beure  la
                                  statistique en Iiommes  de ce qu'il  a  réussi  : deux cents âmes pour  toute
                                  la  Nouvelle-France;  résultat  d'un  effort  dc  trente  années !
                                      Qu'est-ce  donc  qui  entravait  la  ~Calisation de  ses  projets ?
                                      Commençons par  le principal  et le plus  hanal  obstacle : le démon.
                                  Si cette bête  rôde sans cesse  autour  de nous cherchant  à  nous  dévorer,
                                  elle rôdait très fort  en  Aniérique quand les envoyés de  Dieu  apparurent.
                                  La  barrière  que  les  Iro  uois  oppoeéreni  à  toute  avance  de  I'évangP
                                                         ez
                                  lisalion,  non  seulenient  c 1 enx,  mais  dans  tout  l'ensemble  du  terri-
                                   toi^^,  leurs  opérations  de  destruction  massive  contre  les  nations
                                  dcvenues  accucilantes  à  la  prédication  chrétienne,  leur  hainc  sans
                                  mcrci  contre  les  Français,  tout  cela  ne  s'explique  bien  que  par  des
                                  influences  saianiques.  Coinbien  de  fois  les  miesionnaircs  n'ont-ils  pas
                                  atlesté  qn'iln  sentaient  cette  présence  de  Belzébuth  dans  le  grand
                                  corps  des  tribus  comme  on  le  sent  dans  le  corps  d'un  possédé !  Ils
                                  n'ont  jamais  douté  dc  la  communication  des  sorciers,  même  hurons,
                                  aveç  l'Esprit  du  mal.
                                      Aprl.3  les  démons,  mentionnons  logiquement  les  bons  diables.  Ce
                                  sont  tous  ceux  qui  ont  une  petite  foi  dans  les  grandes  chom,  petite
                                  foi nationale  ou  religieuse.  Voyez  Sully, par  exemple,  l'illustre  ministre
                                  d'Henri  IV.  Qu'est-ce que peut faire un  roi  quand son ministre a l'âme
                                  froide ?  Henri IV  s'enflammait  pour  Champlain,  à qui  il aouhaita  deux
                                  ou  trois fois  bon  voyage  à  la  porte  de  sa  chambre.  hfaie Sully,  on  le
                                  mit,  ne  croyait  pas  à l'œuvre  coloniale  et  ne croyait  pas mEme  à  I'ap
                                  titude du  Français pour l'œuvre  coloniale  !  Et Port-Royal, puis  Québec,
                                  restaient  de  petits  poiuts  noirs  sur  une carte..  .
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