Page 35 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
P. 35

jeté  sur  le  roc  et  recouvert  de  quelques  pierres,  la  supérieure  s'écrie
                               devant  ses  compagnes  :  Que  ce serait  beau  si  un  Père  Oblat  et  une
                               Sœur  Grise  reposaient  ici  au  milieu  des  hquimaux ! a  Spontanémcnt
                               une  petite  religieuse  répond  : * Moi,  ma  hlère,  je  suis  prête  à  m'user
                               j usqu'à  la  mort la. s
                                   Seul  l'héroïsme  apostolique  avait  pu  conquérir  l'homme  de  l'Arc-
                               tique.  A  la  nouvelle  que la missionnaires  avaient  pu  atteindre et évan-
                               géliser l'homme  polaire, i'archevêque  de Boston, Mgr Richard J. Cushing,
                               c'exclamait  :  L'existcnce  des  missions  esquimaudes  est  une  preuve
                               manifeste  que  la  flamme  missionnaire  de  I'Eglise  catholique  brûle
                               aujourd'hui  avec  autant  d'ardeur  que  lorsque  l'&prit-Saint  descendit
                               pour  la  première  fois  sur  les  douze  apôtres lB. Souvent l'on  a  eité  le
                               mot  de  Pie  XI éi  Mgr  Tusquetil  : N C'est  la  mission  la  plus  beIle.  la
                                us  pénible,  la  plus  méritoire,  et  c'est  pourquoi  nous  l'aimons  tant.
                               !3!   i  nous  pouvions  voir  seulement  une  mission,  c'est  celle-là  que nous
                               voudrions voir  20.  n
                                   Si  le  Pontife  romain,  porté  par  l'avion  ultra-rapide,  eutreprenait
                               jamais  la  viaiie  des continente  l'un  aprk  I'autre,  il  trouverait  sous  la
                               cnupoIe  polaire,  une  église  bien  petire,  bicn  modeste,  mais  sûrement
                               l'une  des  églises les plus méritantes  de tout  le  monde  catholique.




                                   A  la  fin de  cette émouvante histoire,  une  question  vient  à  l'eciprit  :
                               quel  avenir  attend  la  mission  polaire ?  L'Esquimau  erit  precique  à  la
                               mode.  La littérature s'est  emparée de lui.  Des romans nous font  plonper
                               eri  sa psychologie.  Il est devenu l'un  des  sujets  favoris des ethnolopes.
                               On  se penche  presque  passionnément  sur  une  civilisation  aborigkne
                               restée  jusqu'en  ces  derniers  tempe,  presque  intacte.  LR document  est
                               de valeur exceptionnelle.  Et l'on  se hhte depuis que l'invasion  du  Blanc,
                               en la région polaire,  menace  de tout  houlcverser.  L contact du  civilise
                               sera-t-il de nouveau  et  comme trop  souvent  fatal  à  l'aborigène  ?  Sous
                               prétexle  de  lui  adoucir  la  vie,  lui  laissera-t-on  queIques  miettes  de  sa
                               civilisation ?  Surtout en transportant là-haut notre pauvre christianisme,
                               sinori  notre  agnostieiarne,  laiwera-t-on  sa  foi  à  I Ekquimau  baptisé ?
                               Les  missionnaires  du  Canada  français  devront-ils,  une  fois  de  plus,
                               eornrne  hier  en  Mandchourie,  en  Chine continentale,  et  plus  récemment
                               à Cuba,  perdre  le  droit de qiritualieer les âmes ?  Quoi  qu'il  arrive,  il
                               est une chose que personne ne pourra  effacer  mue le pôIe,  et c'est,  pour
                               les hommw de foi,  une histoire  de missionnaires  plus  belle,  plus  émou-
                               vante  que  la  plue  grandiose  des  aurores  boréales.
                                                                  Chanoine  Lionel  GROULX




                                  16  Ci16  par  Préires  et  Mis~ions (1954):
                                  1Vbid.: 2%.
                                                              II1
                                  '0 Hzsroire  des  missions  ~iniser~elle~, : 193.
   30   31   32   33   34   35   36   37   38   39   40