Page 39 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
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situation, eue s'appliqua à acquérir les vertus de l'épouse chrétienne.
Son fils nOU8 dit que trois ans avant son veuvage a on lo uii prendre
h parti de Io dévotion c'est-à-dirc qu'clle entreprit de cultiver cione
ciernmtnt sa vie intérieure. Lorsque, à peine iipe de trente ans, Fra~iquiu
fut em orté par une pleurésie le 5 juillet 1730, il mourait ruiné et
grevé % 14812 lirrea de dettes. Marguerite n*avii~ trouvé dans mon
mariage que contraintes, déceptions et humiliations.
Des six enfants que madame d'Yonville avait mi3 au monde, il ne lui
restait que deux 613. Dépossédk de tout par la succession obérée, elle
se mit en devoir de Fagner son pain. A eetie fin elle loua, Je la riuc-
eession, le magasin de sa défunte belle-mère sur la plaee du Marehé
et eHe en garnit les tablettes de mareharidises en consignation. De ce
maigre négoee elle réuesit à se tirer d'nff aires. Pauvre, elle eecourait
plue pauvre qu'elle, et bicntot on vit dans Mnntréinl la veuve d'YouviUe
visiter lem pauvres, les malades, les prisonniers et sortir hors les murs
de la ville pour aller rapiéeer les hardes élimées des vieillards de
l'Hôpital général Charon. Monsieur Normand, curé de la paroisse et son
directeur spirituel, eueourageait ce zèle et même l'autorisa B recevoir
ehe elle une pauvresse aveugle.
Montréal grandiaaait et la pauvreté aussi. Devant tant de mi&rea à
soulager madanie d'Yonville songea à s'adjoindre des aid~. Trois pieuses
demoiselles consentirent à la seconder dans son oeuvre charitable, et
le 31 décembre 1737 les quatre associées par une consécration secréte
s'engageaient à vivre en eommun et du fruit de leurs travaux eallectifs
faire vivre autant de pauvres qu'il leur serait possible. A cet eBet elles
s'inakalIérent dans une maison louée rue Notre-Dame proehe de I'églie
des Récollets. Mais 1 pcine le but de cette nmncintinn fut-il eonnu que
les Montréalais s'élevérent contre cette innovation hardie. Le Montréal
mondain avait fait la nioue en voyant niadaine d'yauville frayer avec Iea
pauvres, la parenté s'était indignée d'une telle dirogation au rang
soeial, lem malina, se souvenriut des You, pire et fils, avaient soup-
çonné un colportage d'eau-devie sous le couvert de la cliiiriti. Quand
la mer est houleuse les vagues c'éparpillent eu écume eur la rive, di:
même l'agitatiau de la popuIace de passions partisanes éclate
en outrancee. Ainsi, on aecusa les Sœurs de chamailies intestines,
d'immoralité, d'ivrognerie et du Pommerce de l'eau-devie. hrsqu'ellee
mettaient ied dehors on les eonepuait ponctuant méme les huées de
caiUour. gourdes i tmr de malveillance, le. Souri multipliaient leur*
humbles Iravaux de eouture au polît des pauvres. Une nuit d'hiver 1745,
un incendie jeta madame d'Youville et ses prot6pi.s sur le pavé, et
durant deux ane elle pessa d'un logis i l'tiulre halIottie par les circons-
tanees et les chaitee provisoires.
Jadis MontrFal avait soutenu de ses généroeités l'Hô itel général
P vieiilsrds
fondé en 1694 par François Chaton de la Barre pour es
nécmsiteux, mais aprèe la mort du fondateur cet Iio~pice, adrninistr;
par des Frères Hospitaliers, était passé de décadence en décadence au
point qu'en 1747 il n'y restait plus que deux Frères valEtudinaires et