Page 33 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
P. 33
700 milles de son voisin de Coppermine. Aprés douze ans, le Père
ramène à cette brève statistique le résultat de ses inerûyables misères :
Trente-cinq baptêmes, onze eroix au cimetière. =
Tout cet héroïsme wra-t-il eneore une fois perdu ? En 1943
Mgr Arsène Turquetil, premier vicaire apostolique de la Baie d'Hudson,
constate que plus de la moikié d~ Esquimaux eont encore à convertir.
Mais les sorciers sont à peu près disparus ou aana influence. La mère
esquimaude, relevée, en partie rhhabilitée, rn endort ses enfants au chant
joyeux des cantiques m. On peut, au surpluq résumer comme suit les
métamorphoses pir rituelles accomplies cliez l'Esquimau : l'esprit de clau
disparu, finis les mariages eutre prochw, et par suite Ies naissences
racliitiques. Fiui Egalement l'infanticide, la destruction sy st lmalique
des petites filles à leur naissance. donc plus de faciliti: au mariage pour
les jeune garçons (quelquefois vin@ prétendants pour une scuIe filIe
nubilc) ; plu3 dc meurtres entre adrilt~ pour se dérober une femme;
gràcc à l'hiipital, plus de suicidm de malades au désespoir; destruction
des tabous qui cngcndraient la famine, la maIadie, telle la défense de
chasser le caribou, s'il y avait du phoque dans la maison; dffense, même
ordre de détruirc tout ee qui avait appartenu à iin mort : tente, iusil,
bateau, harpons; défense de eonfectionner w liabits d'hiver avant la
construction de i'jgloo : ce qui permettait à cm Iiravm familles de
geler royalemerit et de prendre toutes sortm de maladiean.
D'autrm faits ne se révèlent pas d'une moindre éloquence. AUX
peuplades dea glam polairm, vem 1943, un distriliue 20,000 commu-
nions par an 1°. En 1951, à la mision mère de Chesterfield Inlet, Ie
vicaire apostoli ue de la Baie d'Hudson, Mgr Marc Lacroix, admettait,
parmi les filles 1 e Mère d'youville, iine jeuue Esquimaude de vingt ans,
une r Heur des neige s 11, sœur = Naya B PLlagie, Inuk. Sœur PElagie
est originaire du Cap Esquimau, 200 millm au sud de Chesterfield. C'est
une véritabIe Esquimaude, portée pendant deux ans snr le dos de sa
mère, comme lous lea téhk de sou pap. EHe a vécu sons lm igloos
et les tentes de carihou jusquià l'âge de quinze aus. Parmi 3~ amu-
sements d'enFance, sa mère lui a appris a gratter, à découper et à
mâeher les pcaux destinées aux usages vestimentaires. C'est en langue
esrluimaude qu'elle prononeera 0- vwux de reIigieuse. En 1953, une
deuxième jcnne Esquimande, Blandine Nennaut, de ChesterfieId, prend
l'bahjt des Sœurs Grises. Agée elle aussi de quinze ans. ellc a renvoyé
gori 6ancé pour embrasser la vie religieuse. Une suire jeune Esqui-
maude, Alexina, étudiait, en 1955, sa voea~ion chez 1- mêmm Sœnrs
de Chesterfield 12. Des vocations religieuses mmme cellecl-là ne sont des
faite ni spontank, ni miraculc.ux. Ils portent avec eux leiir haute sipi-
0 ilistofre unicersellp de> missions c~ltholi~u~s FOI., Paris, 1958), :
(4
L'Egli3e catholique face au monde non chrtrien : 193.
'0 Sermon de Mgr Turqueiil, le 22 février 1943, au sacre de aon successeur,
Mg Marc Lcroix, o.mi.
13 Préires et Mission* IavriI-juin 1955): 71-78. - %UT Léonie Ferland, n.gm.,
Sentinelles du ch ri^; - Les Saurs Griees de Montréal é la Bsia d'Hudsoa (Mont.
réal, 19441, br~chure de 30 pagea.
12 Prêtrrs CI Misiiclns (1955) : 71-79.