Page 32 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
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TurquetiI, né en Normandie préu de Caen, arrivé au lac Caribou, pro.
cède d'abord par une exploration de la Terre stérile au nord du Kee-
watin. Puis, il change de taetique. Ces Esquimaux de la Baie. il tentera
de les atteindre par l'Atlantique : la route d'Iberville et de la Compa-
gnie de la Baie d'Hudson. Avant le chemin de fer de la grande Baie
et même après le cheinin dc fer, le voyage par bateau ermcttra d'ap-
porter Ià-bas pius de marchandism, même dm matériaux i' e construction;
la visite et i'approviaionnement dm poste en deviendront plus facile.
Voici donc, en 1412, le père Turquetil, accompapi: du père b
Blanc, qui fonde i Chesterfield Inlet, au nord-ouest de la Baie d'Hudson,
la mission de Notre-Dame-de.la-Délivrauce. Le père Le Blanc succombe à
la tâche en 1916. A ce moinent une longue attente de cinq ans s'achève.
Abîmé dans I'implacable nuit et dans l'envoûtant silence polaire, mu1
en son logis glacé, le missionnaire, un entêté de la foi et dc la grâce,
ne cesse de prier, d'attendre, d'espérer. Voila cinq ans qu'il cherche
par quel biais saisir ce1 insaisis~able. Cinq ans qu'il attend une lueur-
une petitc lucur qui ne @rait mieux que celle du premier soleil eu-dmus
de l'horizon. L'Esprit va-t.il enfin venir ? Allumera-t-il la loi dans une
seule àmc, prémice du dur apostolat du missionneire ? pauvre isolé
le sait : une dernitre année d'attente, pas lus, lui a Eté accordEe par
ses sup6rieurs. Pas dc conversion d'ici là et il devra plicr bagagc. Enfin,
après tant de prières, tant de rniwrw iuouïea. à rappel, é ce qu'il semble,
de la petite Sœur de Lisieux, la lueur si louRternp attenduc apparaît.
Et d'un coup. c'~t baptême de douze Esquimaux, rnernhres de quatre
le
familles, transiornés en fervents chrétiens. Le missionnaire se sent
comblE, ne se tient plus de joie. Il n'a pas pour rien acccpté le défi
de la prâce auprés de ce rebelles. Une tentalivc conjointe i celle-ci
se déploie, à peu près vers le même iernp, chez le Esquimaux du
cuivre, soit daus la Terre stérile, au bassin du Aeuve Coppermine, paral-
lèle au Mackeuzie, puis aussi dans le du Couronnement (Corona-
tion Gulf) et dans les îles et archipels adjaceuts, y compris la grandc
ile Victoria. annexéc au Canada en 1907 par le capitaine J.-E. Bernier.
D'abord inaugurée par les pères Jean-Baptiste Rouvière et Guillaume
Le Roux qui acront assassinés en 1913, la mission est reprise en 1819
par les pères FaIlaise et Frapaawe. Cclui-ci se noie et laissc seul son
compagnon qui se dépense avec quclque succès, pendant huit sns, au
lac de l'Ours, au lac Imaemeck. D'autres apôtres surviennent. En
douze ans, de 1928 à 1940, quatre missione -uimaudm s'ftabliwent en
cette partie de la côte arcti ue : NoireDame-deLourdes, dc Little Har-
bour (1!328), ~otre-~arneJe-~urnikres, Coppcrminc (19291, No~re-
de
Damede-Sion, de Burn~ide ( 29371, NotreDame-des-Anges, de Stenton
(19371, Notre-Dame-deaGrâces, de Tuckiuckyactuck (19443). Un seul et
dernier point atteud, à ce moment, le mimionnaire, l'île Victoria, aux
71" et 72" degrés de latitude : ultime point où les camps wquimaux se
font plus rares, uon par absence de gibicr, mais, à liéprique, par absence
dc poste de traite, dans la nuit trop longue et trop lourde. Un jeune
Père. de tempérament hhoïque, le père Rnger Buliard. y établit, en
1939, la missiou du Christ-Roi. Douze ans, il rmtera de a faction w en
ce point extréme, en un misérable logis de quelques pieds, n'empêchant
qu'à grand-peine, pendant sa inesse, le gel de l'eau de ses burettes, à