Page 27 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
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La conquête missionnaire de l'Arctique
Qu'est-ce que l'Arctique ? L'aritipûde dc I'dntaretique, aurait dit
M. Prud'homme. Son nom Ini vient de sa proximilé de la constellalion
de l'Ours, en grec, Arkios. Son tcrrjtoire, situé au-dessus de la ierre
continentale de l'Amérique du Nord, s'lrtend de l'extrémité ouest de la
mer de Beaufort aux grandes ilea que baigne le dEtroit de Davis, et
se prolonge vers le pôle jusqu'au-delà du Mb degré de longitude. Dans
cet espace ae loge l'archipel de la mer glaciale, archipel touffu, encore
mal exploré, mElé de petitm et de très grandes terrirs, lellw la ierre de
Bofin, l'ile Victoria, l'île Elnemete. La GrandeBreta ne a paesé le
souvereineté de l'Arctique au Canada en 1880. Depuis 9 ongtemps déja
le gouvernement canadicn y entrerient des po4tes de police et même
un service postal sur les îles Devon et Elsemere, les plus septentrionales
é
de tbule~. NOUS n'avons p~a dire l'importance soudainement conférée
à ce mnmet du continent par l'alliance mi litaire canado-américaine, nori
plus qu'à dkrire les ostes déjà établis, la vie presque trépidante qui
y rEgne. Dans Ie corn Y, et de la guerre froide. les terres de la mer gla-
ciale sont devenues l'un des points stratégiques de la défense occi-
denkale.
Pour bien entcndre cette conquête de l'Arctique par la mission
catholique, il importe de la replacer, comme simple chapitre, dans ce
que l'on a appoli: d'un mot nullement excalif, * i'épopk oblate * dans
le Grand Nord canadien. C'est, par étapea, que, d'année en année, robes
noir& et Sœurs Crises rnoiitèrent vers la rivegcs de la mer gIeciaIe.
Epopée, montée qui a son départ i Montréal, & bord des canots de la
Compagnie de la Baie d'Hudson, odyssée de deux mois et demi, tout
le long de l'Outaouais, à travers le lac Huron jusqu'à la tete du lac
Supérieur, puis traveke de l'interminable chaîne de lacs et rivières
qui aboutiesent à la Rivière-Rouge de l'actuel Manitoba. Arrivés là,
lm voyageurs ne sont encore qu'à mi-chemin du point d'arrivée. Au
canot succide le charrior à bœufs $ irirveru ln cheinina cahoteux de
l'interminable prairie; par boute, c'est parfois le petit bateau a vapeur
sur des rivières souvent pcu navignbles. Toute cette peine, tout ce long
voyage, pour se disperser aux lieux d'arrcts des Indiens du Nord-Oua4t,
aux postes dm niiirçhands de iourrurea de la Compagnie do la Baie
d'Hudson, puiaqu'il faut bien axer les missions sur la dispereion
indienne. On se dirige surtout vers le fleuve gEant de l'Athabaska-
Mackenzie, royale artère de l'empire du Nord, long et majestueux che-
miil vere la mer polaire.
L'épopée niissionnaire a commencé de bonne heure, en 1818. d'abord
avec des prétrm sPlciiliers. Nous soiiimes encore à l'époque oii le Canada
fran~nis nianque d'ordre religieux. Dans le Bas-Canada, le clergé ne
SU@^ 88 a Ia Jclie. Cbt puiiitent 6 cetle hcure critique que e'ouvre
pour r ui l'ère des missions lointaina. Mgr Provencher, I'évEque niis-
aionnaire de 1s Rjviè~eRouge, a tôt enibressé dans ses ambitions d'apô-