Page 17 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
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Nous pourrions  encore  citer  ce  fragment  d'une  lettre  écrite  par
                               M.  F.-M. LePailleur  à sa feirime, durant son  exil et publiée le  11 dérem-
                               bre  1890  dans  L'Aurore  der  Ladas : =N'oublie  pas  non  plus
                               madanie  Gamelin  et  madame  Gauvin  et  dis-leur  que,  touie  ina  vie,  je
                               me  rappellerei  leurs  bons  soins  et  les  services  qu'elles  m'ont  rendus.  i
                                   Madame  Gamelin  qu'on  avait  surnommée  l'Ange  des  prisonniers
                               poliliques,  s'intéressa  toujours au sort des malheureux exiles et continua
                               ses  etlentions  à  leur6  familles.  Son  dévouement  aux  infortunées  vic-
                               times  de  ces  tristm  annéee  1835-1838 lui  valut  non  seulement  l'adini-
                               retion  du  public,  mais  lui  ai tira  encore  d'inappréciables  et  continueis
                               encouragements  et  devint  une  source  de  bénédictions  pour  son  petit
                               hocipiee.
                                   Lorsque  Mgr  Bourget,  dEçu  ar  l'impossibilité  où  se  trouvtrent   le^
                               Filles  de  la  Chsrité  de  France Bc  venir  prendre  passessiion  de  l'Asile
                               de  la  Providence,  se décida  à  fonder  une  communauté  canadieune sur
                               le  modèle  des  Sœurs  de  Saiiit-Vincent-de-Paul,  madame  Gamelin.  sa
                               roureaeuse cnllaboratrice, prenait  rang  parmi  les  4ept  premières  Sœurs
                               de  la  Providence  et  était  nommée  supérieure  du  nouvel  Institut  dont
                               la date de  uaissance,  comme  nous  l'avous  dit,  s'inwrit  au  25 mars  1M3.
                                   Des  la  fin  de  cetle  même  année  1843,  les  novices  sont  initiées  au
                               service  social,  appellation  encore  inconnue  chez  nous,  mais  dont  les
                               activités répondent exactemeut  à notre serviee social d'aujourd'hui.  scien-
                               tifiqueincnt  organise.  I,a  longue  expérience  dc  madame  Gamelin  daus
                               l'exercice  de3  œuvres  de  eharité  lui  permeltait  de guider  sûrement  ses
                               compagnes  dans  ee  pénibIe  et  laborieux  niinistéte,  tout  nouveau  pour
                               elles.  Avec  une  maiernelle  bonlé,  elle  les  formait  aux  divergea  tâches
                               d'une  Fille  de  la  Charité : visite  des  malades  à  domieile;  chez  les
                               pauvres  pour  les  consoler  et  les  assister;  ehez  les  richer  pour  leur
                               apporter  I'aurnône  de  bonns et  encourageantes  paroles  et  faire  appel
                               à  leur  charité  en  faveur  des  nécessiteux.
                                   Sœur  Gamelin  eat  sonvent  de  la  partie,  moins  s ou vent  que  son
                               grand  et noble  cœur  l'eût  desiré,  peut-Etre,  parce  qu'elle  doit  s'oeeuper
                               de  l'administration  de  l'Asile,  rerevoir  les  gens au  parloir,  intérewr
                               à  son  auvre  les  ames  eharitahles  que  la  Providenee  semble  se plaire
                               à  diriger  ver9  son  établi~wrnent. El!e  reçoit  et  examine  les  aspirantes
                               à  la  vie  religieuse,  te qui  donue  lien  à  ceriaines  scènes  amusantes  et
                               riches  d'enseignements  comme  eelle-ci :
                                   Le  26  décembre  2843,  Sœur  Gamelin,  encore  noviee,  est  appelée
                               au  parloir  par  M.  Joseph  Pariseau,  ntenuisier  de  le  paroisse  Saint-
                               Martin.  11  est  accompagué  de  53  fille,  Esther,  5pée  de  vingt  ans.
                               ci  Madame n,  dit-il à  Sœur  Gamelin,  a je  vous  amène  ma  fille  qui  veut,
                               à  tout  prix,  se fnire  religieuse.  C'es~ pour  moi  une  grande perte,  mais
                               c'est  pour  vous  une  belle  acquisitinn.  Ma  fille sait lire,  écrire,  coudre,
                               faire  la  cuisine,  jardiner,  etc.  Elle  pent  mëme  travailler  le  bois  et
                                                                                  r
                               conduire  une  benogne.  Elle  vous  fera  une  vraie  bonne  su  'rieure,  je
                               vous l'assure.   La jeune  fille, conluse, veut protester,  mais  mur Game-
                               lin  l'interrompt  : r laissez,  ma  fille,  laiswz  parler  mtre père:  iI  ricin-
                               titresse  beaucoup . . . s  Malgré  Io bonne  impression  qu'elle  éprouva  de
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