Page 13 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
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et  tous  les jours  j'allais  prier  au  pied  de cette image.  Je  demaiidais  à
                               la  Sainte  Vierge  du  courage  pour  supporter  B  son  exemple  les  eroia
                               et  les  saerifiees  que  le  boii  Dieu  m'envoyait  dans  le  monde.  Le  plu3
                               grand,  dans ce temps-la,  étsit  la  perte d'uri  épour  et  d'uii  enfant  chéris
                               que  je  pleurais  tous  les  jours.  ]'avais  le  cœur  percé  d'uii  gIaive  de
                               douleur  et  je  ne  trouvais  d'autre  consolatioii  que  eelle  de  méditer  aiir
                               les douleurs de ma Mère auptès  de cette gravure. r
                                   Quelques semaines après la  mort  de son mari, le 18 décembre  1827,
                                uelques  dames  de  la  première  société  de Montréal,  avec  l'approbation
                               Ie Mgr  Lartigue  er  sous  la  direciion  des  MM.  de  Saint-Sulpice,  <on
                               deiit  I'Association  des  Damee  de  la  Charité,  don!  un  comité  est  parti-
                               culiéreme~it préposé  à  la  visite  des  pauvres.  Diso~ia en  passant  que
                               l'hiver  182'7.1828  s'a~innnçaiit très  rigoiireux,  surtout pour  les  pauvres,
                               les  eitoyens  de Montréal  s'entendirent,  dès l'antonine,  aiin d'aviser  aux
                               moyens  de  prévenir  les  misères  ou  de les  soulager  eu  temps  opport~in.
                               L'Assoeiatjon  des  Dames  de  la  Charité  eompte  parmi  les  moyens  les
                               plus  efbeaees  pour  venir  eti  aide  aux  nécessiteux.
                                   Madame  Gameliti  iait  partie  du  comité  de  la  visite  des panvres  à
                               doniieile.  N'est-il  pas  merveilleun  de  constater  comment  la  je~irie veuve
                               esi  eo~iduite, comme  par  la  mairi,  vers  ses  destiiis  providentiels  ?
                                   Libre de toute charge familiale après la  mort  de son dernier enfant,
                               madame Gamelin  peut  se  donrier  entièrement  à une  iâehe qui  rbpond  si
                               bien  allx  attraits  de  aon  grarid  et noble  eœur.
                                   La  visite  des pauvres  à  donrieile  la  met  en  contaet  avec  certaines
                               misères  difieileu  à  soulager.  La  détresw  rles  femmes hgées  et pauvree
                               qui  langiiisaent  dans  l'indigence  et  l'isolement,  déehire  le  cœur  de  la
                               sympalhique visiteuse.  C'est  alors  qu'elle  croit de  son  devoir  d'adoucir,
                               même  aux  dépens  de  son  repais,  le  sort  de  ees  femmes  que  la  dhcri-
                               pittide  de  l'âge  et  ln  pauvreté  exposent  à  mourir  dans  uli  eomplet
                               délaisemerit.  Avec  l'encouragement  de  M.  Saiiit-Pierre  et  l'appui  de
                               M.  Claude Fay,  euré  de  Notre-Dame - la  *ule  paroisse  dri  hiontréal
                               de  1828 - qui  s'empresse  de rneltre  &  sa  disposition  le  rcz-de-chausséc
                               d'une  petite  école  paroissiale  sise  Ii l'angle  sud-ouest  den  raes  Saii~te-
                               Catheririe  et  Saint-Laurent,  à  I'e~idtoit où  est  silué,  de  nos  jours,  un
                               des       magasins  connue  sorls  le  nom  de ~in~-dix.~uinzc, madame
                               Gamelin  lie  tarde  pas  ii  iristaller  quelques  pauvres  vieilles  dans ee pre-
                               mier  refuge  et  exerce  ttivers  elles  trjutes  les  Formes  de  servicii  soeial.
                                   Le petit  hospiee  est  vite  encombré.  Afin  de  remédier  au  défaut
                               d'espaee, mailame Gamelin  Iniie,  de  sori  frère Julie~i. rine  maisori  si i i1i.e
                               rue  Saint-Pliilippe  laujorird'h~ii rue  Bcnoit) . of1  elle  peut  s'ins~aller
                               elle-même  à  côté  de  ses  protégées  rat interveiiir  pour  rétablir  Pordre
                               quaiid  les  diflbrends  s'élèvent,  car  il  ~i'e~t pa3  toujours  lacilc  de  faire
                                régner  I'eriteiite  entre  des  persorines  de cet  âge  qrii  ont  to~iio~iro vkri
                               à  leur  giiise.  La  cliaritatile  danie  se  rend  sonveni  auprEs  d'elles  pour
                               prF~ider à  leurs  prières,  leur  ~nseigner Ir  catéchisme  et  les  mettre
                               d'accord.
                                   Ce  nouveau  rei~ige constilue, pour  les  ressources  de madame Came-
                               lin,  une  lourde eharge.  Que de fois elle se dematide si  ellr n'a  pas  trop
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