Page 14 - La Société canadienne d'histoire de l'Église catholique - Rapport 1961
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préaumé  de  ses  moyens  et  tenté  la  Prrividenca  en  ~'eventnrent dans
                                 une  entreprise  dont  les  lendemains  demeurent  aussi  incertains.  La
                                 prière des pauvres,  sur laquelle madame Gamelin compte beaucoup,  reele
                                 eon  grand  recours,  Dans  sen  angoieses,  eue  réunit  ses chères  vieilles
                                 et,  après  avoir  prié,  chante  avec  eles eon  cantique  favori : O  Douce
                                 Providence.  Ce  cantique  est  conservé  dans  l'institut  comme  un  bien
                                 de famille  et  le  chant  de ralliement  des filles de  Mère Gamelin.
                                     En  1832, le eholéra fait rage à Montréal.  hiedame Gamelin  est  au
                                 nombre  des  charitablm  samaritaines  chargées  de  viaiter  lm  maladm
                                 atteints  de  l'épidémie.   Malgré  la  peur que lui  inspire  cette  terribIe
                                 maladie,  elle  se  donne  à  sa  tâche  avec  son  zèle  accoutum&.  Que  de
                                 iatigue~. que de privations même elIe s'impose  pour  secourir les familles
                                 éprouvées.  Un  jour,  après  avoir  reçu  le  dernier  soupir  d'une  pauvre
                                 femme  dont  le  mari  vient  de  mourir  et  qui  laisae  six  enfants  dans  la
                                 mikre, la bonne dame amène Ies aix orphelins à son hospice è la  grande
                                 joie  de  ses vieilIen  qui se disputent le  droit da lee  dorloter.
                                     L'espace  manque  bientoi  à  ce  deuxième  refuge  et  son loycr  eet
                                 devenu une lourde charge pour le budget  de madame Gamelin.  Selon son
                                 habitude,  ellc implore  le secours de la bonne Providence, lui demandant
                                 une  maison  plus  appropriée  à  son  œuvre.  Sa  conbance  ne  eera  pas
                                 trompée.  Monsieur  Olivier Berthelet,  riche financier de Montréal, venait
                                 d'acquérir  une propriété qui ferait aujourd'hui  l'angle  sud-ouest des rues
                                 Sainte-Catherine  et  Saint-Christophe.  Ce  charitable  monsieur,  a'étant
                                 rendu I l'invitation  de visiter le petit  hospice de madame Gamelin,  y est
                                 accueilli  avec  amabiiité  par  les  bonnes  vieilles  qui  se  chargent  volon-
                                 tiers  dee  frais  de  la  cnnvermtion.  L'une  d'eb,  douée  d'un  aplomb
                                 remarquable  et  d'une  plus  grande  facilité  de  parole,  s'avise  - ou
                                 peut-être  est-elIe  avisée  - de  dite  au  sympathique  viaiteur : = Mai&
                                 monsieur,  voue qui ave beaucoup de mai~ona, vous pourriez  bien  nous
                                 ui donner  une.  i  Larque  le  bon  M.  Berthelet   éloigne  de  l'bumble
                                 refuge, il pos&de  une maison de  moins  en  ce  monde,  mais un  titre  de
                                 plus  aux récompenses  éterneUes.
                                     Le  13  mai  1836,  les  vingt-quatre  vieilles  du  rcfupe  eont  tram
                                 férées à  la  MaYon jaune  ui  deviendrq  par  la  suite,  le berceau  de la
                                                                          1.
                                 communau~6 den Soeun dei Providence.  Cymt  que, le 25 mars 1843,
                                 aura  lieu  la  prerniére  prise  d'habit,  événement  considérb  comme  l'acte
                                 dc naissance  de  l'Institut.
                                     Madame  Gamelin  apporte  aussi  son  eoncours  à  une autre  aune,
                                 celle de l'Asile  des Fiks repenties  dont, au dire  de ses contemporaines,
                                 le8 intérêts lui  tenaient  à  cœur.
                                     Il est un  genre de serviee eocial que madarnc Gamelin  a, pour  ainsi
                                 dire,  inauguré,  à  une  époque  dont  le  souvenir  ne  manque  jamais
                                 d'émouvoir  la dbre  patriotique  dans les  cœurs.  C'était  I'heurc  où  nos
                                 anktree luttaient  avec  désespoir  pour  la  reconnaissance  de leur  droit
                                 à  vivre  au  grand  ~olcil d'un pays  qui  restait  toujoura  Ie  lenr,  malgré
                                 la  conquéte.
                                     Plusieurs  prisonniers  politiquee  étaient  euiermés  dans  la  prison,
                                 uouvelle  alors,  aneienne  pour  nous,  du  Pied-du-Courant.  Bien  qu'un
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