Page 86 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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A partir de 1789, on assiste à une véritable tentative de la part des
dirigeants politiques du Canada pour réprimer la marche des idées fran-
çaises. En même temps le gronpe clérieal s'organise en fonelion de la
lutte eoritre la peiisée révolutionriaire. L'arrivée des royalistes français,
prêtres et nobles, allait accentuer ce phénomène. Pendant eette période,
MP' Plessis apparaîtra nettemeiit comme le plns ferme adversaire des
idées nonvelles. Son sermon de 1'799 nrononcé à I'oeeasion de la vic-
. .
toire remportée par L'Amiral Nelson sur la Ilotte français et celui de
1815 à l'oeeasion de la paix américaine sont extrêmement significatiis
de la pensée de 1'Evêqne de Québee. ld
Dans ces deux sermons, MEr Plesais utilise tout l'arsenal des œuvres
anti-révolntionnaires con tenues dans sa bibliothèque. l5 Mais une influ-
encr: nous sernble ~rénondérante : celle de De Bonald. Il ne connaîtra
. .
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les muvrea de Joseph de Maistre lvue pendant son voyage en Enrope
et L'Essai sur l'indijérence en rno.lière Je religion que plus tard. Mgr
Plessis ne trouve pas de mots assez forts pour qualifier la Révolution
française : révolntion eonqnérante, révolntion sanguiriaire, révolution
parricide, révolution sacrilége. 0ii pourrait eroire que ce violent réqui-
sitoire s'adresse uniouement à l'œnve anti-reliciense de la Révolution.
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Mais cette interprétation eacherait l'nnité de pensée qui anime eee deux
sermons. La coridarnnation prononck par 1'Evêque de Québec contre
la RévoIntion s'établit par référence à une conception politique et sociale
que se rapproehe de eelle des penseurs théocrates.
De Bonald, dans sa Théorie du pouvoir politique et religieux avait
vouIu proposer nne philosophie sociale eapable de restanrer I'aLsolutisme
et de prévenir le retour de tonte peneGe libérale. u Dans la société, disait-
il, il n'y a pas de droits, il n'y a que des devoirs. . Ainsi se trouvait
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défini le rôle assigné à i'individu dans la soeiété. 11 n'est donc pas éton-
nant de voir De Bonald ~'attaqner à l'individualisme qui, à ses yeux,
mettait la sociélé à la merei des ~assions et des iiitérêts iiidividuels.
Ainsi la philosophie moderne, disait-il, qui est la sagesse de I'hornme
et non celle de la soeiété, e'est-à-dire la sagesse de l'homme dépravé et
non la sagesse de l'homme social ou perfet:tionné, veut ramener l'homme
intelligent à la religion naturelle et I'homme physiqne à la soeiété natu-
14 Ln srrmon de 1799 a EL& puhliE Ei Qiitbt~ la même aiiiibc ; celui dr 1015 a été
publié dans Lc Bullefin des Recltercltes I~istoriqueu, vol. 35 p. 161-172 Les manu-
scrits de ces rieux serriloris rit. se lrouveni plus i I'Archci-êché de QiiGbec.
IVAQ, Invenraire après déch ries Liieiis rie Alb' l'le~yis (14 avril 1826). La biblio-
thèqne rle h.1" PIessi* coiiipreiiaii le:: muvres de pInsirurs aiilrure dc l'hniiqniié,
cttlltts des Ptres de YEgliue, Ica œuvres religieuees des auleurs du lia sikle,
quelques wuvres dee pliilosoplies : .lioiilesquieri, Pnfendori, Picrrc Bayle. Les
oubrages niiti-phi1oaopliiqnc.s y son1 iionilireux (eu : l'aLLiL. Bçr~i~r) cenx de
ct
Joseph rie irlaiaire y figiireni de niênie qiie L'Essai rle Lamennais accoinpagné
dz la D6]enue de FEssai. La Théorie du po~woir.. . de De Donald ne s'y trouve
pas mais nous croyons que l'Everlue de Québec en avait pris connaissance peu
de lttmps aprk ea pariiiiori. Des gravrires de Boasiiei et de FénGlon figureni
aussi rlaiis l'inventaire.
1Vournnl fun voyage eii Eu.rope, p. 358.
17 Théarit du poui.oir politique et religieux (Paris, [17'1'73, 2 vols.),
18 Ihid., vol. Il, p. 299.