Page 83 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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Mgr Plessis et la naissance d'une bourgeoisie
canadienne (1797-1810)
Fernand OUELLET
L'Eglise canadienne n'avait pas été afiectée d'iine iaçon décisive par
la Coniiuête. Certes. on avail EU à faire faee 3 de nrolilèmes graves : les
dégi ts maiér ipls aux établissements ecclésiastiques, la péuur ie de prê-
tres due a I'émigra~ion et aux dificultés du reerutemeni, la successiou
épiscopale et le etalut des ordres religieux d'hommes. Mais, en raison
des eireonsiances, il u'y avait dans ces faits rieu d'irréparable. k gnu-
verncmcnt anglais s'était très tôt rendu compte de I'iiifiuence profonde
exercée par le clergé. Les évé~ements poliiiques eux-mêmes f avorishrent
1'Eplise canadienue. Après la Révolution américaine. * Lord Dorchester
reeonriut publiquement, disait hl" PPlessjs, que c'était le Clerg6 Catholi-
que qui avait eonservé au Roi la Province de Québee . . . m l II ajoutait :
Cette coriduite Icirtiha la confiance du Gouvenieur pour l'Evêqne et
pour le Clergi: et resserra les liens qui les unissaient déjà. Mais, pen-
dant ce temps, des événerneni~ beaueoup plus gravea se préparaient qui
allaient nxttre eii cause non plu* le statnt extérieur de L'Eglise cana-
dierine niais sa tradition eIle-même : 13 Révolution fraucaise et la nais-
sance d'une boiirpeoiaie canadienne. M" Plessis s'était rendn compte
de eea translormations lorsqu'il disait : Cependarit à l'époque où Mar
Briand a gouverné, on pouvait prendre sur mi beaucoup plus qu'il lie
serait priidenl de le faire anjourd'hui. Il y avait plus de respect pour
le clergé et iuoiris d'yenx ouverts pour observer ses dérnarehes. Les
fidèles étoirnt plus doeiles et encore à I'abri des effrayaiis progrès qu'ont
{ait, dans leur3 espri~s, les principes de liberlé et de démoeratie propagés
par notre nouvelle constitution, par l'exemple contagieux de la Révolu-
tion francaise. n L'attitude de Mgr Pleosis devaut ce9 faits nouvenux
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.
allait avoir des répercu~sicins graves sur toute la vie eanadienne dans la
première moilié du 19' siècle.
A. Ilgt PLESSIS ET L4 R~VOLUTION FRANÇAISE :
Fils de forgeron, Mgr Plcssie était né à Montréal en 1763. Après
ies études clasfiiquea, il avait ktudié la théologie au Séminaire de Québec.
Il avait été ordonné prêtre en 1786. Son intelligence, sa souplesse et
son noûi pour le travail le firent remarqner. 11 devint alors secrktaire
1 his' Plessis au grand.viraire Bourre1 (15 mai 1807). Suberdoche ble~~e, vol. [I.
p. 300.
2 41%' Plessis à Jacques Paiiei, curé de L'Islct (30 décembre 1815). AAQ, regij-
ire des letires, vol. 8, p. 433.
3 I.'abbC Ferlsnrl, M" Jowph.Octave Ples.~is (Québec, 1878), 288 pp.