Page 85 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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taire. 1 V'eet dire chez Me' Plessis un  goût puissent  pour  la  tradition,
                              l'ordre,  I'autorité  et  la  conservativtne  social.
                                  Pourlant  le  18'  sihcle  avait  susi établi  sa  marque  chez  tous  les
                              hommes.  Même  chez  I'EvEque  de  Québec,  on  ne  sent plue  d'une  iaçon
                              aussi  authentique  cette  austérité,  ee trouble  profond  et  cette  répulsiuii
                              pour  Ics  choses et les  sciences  proianes qui animaient  M"  de Saint-Val-
                              iier. ''  One ne \.oit  plus chez  lui cette rigiditi: en  iace du pouvoir.  C'est
                               ue  les  âinee.  les  hommes  et  les  circonstaiices  ii'étaieiit  plus les ~iictnes.
                              t'esprit  {III  ilY Gele, la  Rbvolutiou  franpiee et  le'  ttansforma~ions ko-
                              nomiques  avaient  eRritk  ce  qiii  était  apparu  aux  hommes  du  1;'  sièele
                              coninie  des valeurs iiicoiit~tables.
                                  Le  CanatIa  lui-mêrne  n'avait  pris  éehappé  à  l'influence  des  philoso-
                              phes  et  (les  idées  r&volutionnaires.  N'avait-ori  pas  VU,  en  17'30,  M"
                              Bailly  s'opposer  j.  I'Evêque  de Québcc au  sujet de la  créatioii  d'une  uni-
                              versité  au  nom  (les idécs  nouvelles.  l0  Henri de Mézièr~, de  soli  côté,
                              avait  salué  l'œuvre  révolutionnaire eii  disant  : ir  Tôt  ou  tard  la  libertt
                              régnera  dans  le  nionrle  entier  ; bientôt  ce  servile  uiiivers,  mu  par  ce
                              contact  electriquc,  sortira  de son  gonimeil  de mort  et  se  rfveillera  répu-
                              blique.  Alors le fils ne luira plus le père pour se soustraire à la tyraniiie.
                              Ce  sera  I'ige  d'or  !  le  siècle  d'Astrée  et  de  Rée.   l1  La  Révolutioii
                              semblait  partout  triomphante.  Mais la r6ar:lion  se  préparait.  Les  réuo-
                              lut ion^  ~iuc:ceasives qu'il  avait  fallu  opkrer  à  pririit  de  1789 et  les  excès
                              qu'avaient  entraîiiés  ces  révoluticiris  nvaien~ redonné  confiaiice  aux
                              milicux  conservateurs  qui  avaient  assisth  irnpuiesanis  et  c~)nsteriié~ au
                              renversenien1  de  l'ancien  regirne.  11  leur  apparaissait   na intenant  que
                              la  révolution  etait  une  iaillite.  Les  monarchies  européeiines  groupéru
                              autour  de  l'Angleterre  s'étaieiit  dressées  ct~ntre r l'anarchie  rléniocrati-
                              que B.  La  réaction  avait  aueisi  trouvé  hes  penseurn.  En  Angleterre,  la
                              résistance  aux irlées rdvcilu tioiinaires s'f tait  cristalisée  autour  de Bnrke.12
                              Le  parlementaire  anglais  voyait  dans  la  déclaration  des  Droits  de
                              I'honinie  une nienace  directe  contre les  institutions  poli tiques et  sociales
                              de l'Angleterre.   C'est  pourquoi  il  avait  fondé  sa  condanination  sut lcs
                              irlées rle  iraclitjon  et  rlc  conservatisme social.  En  France,  la pensée con.
                              tre.révolutionnaire avait suriou t été espriniée  par les membres de l'Ecole
                              théocratique : De  Bonald, Joseph de Maistre et, plus  tard,  Lamennais.  13
                              La pensée  de ces  deux grou  cs allait exercer  une  influence  profonde  au
                              Cnnada.  Les Xép~zions de Eurke deviendraient l'évangile  des dirigeants
                              poli tiques et de la bourgeoisie anglaise.  Le pensée  thkocrat ique éveillera
                              un échri  profond  parmi  le clergé.


                               R  Mondeirrents  des  Evr'quea  de  Quiber, vol,. II,  p.  422
                               0  Allred  Rambaud.  La  queseIfe de  Tartr~fle à  ruru et  d  Québec  dana  La  Revue
                                dr  I'Uniuersir& Laud, vol.  IX, p.  421-43.
                              10  Hondements  des  Euéques  de  Qubher,  vol.  II,  p.  399-409.
                              11 SnLcrdnchp  rorige, roi.  Ml, p. 2Oi-222.
                              12  J.. J. Ch~.valier. Les  grundes  œuvres politiqires . . .  (Paria,  1954), p.  187.206.
                              13 Son Brniiccliicg,  Le  progrès  de  la  clinscience  dans  la  phüo~uphle occidenMe,
                                vol. II,  p. 57M90.
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