Page 84 - monseigneur
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taboue et pas propre; ça se faisait à la cachette, ces «cochon-
neries-là », et il fallait aller dire ça à confesse! Même les
femmes mariées avaient des problèmes avec ces actes-là!
Elles devaient avoir des enfants, et puis il ne fallait pas que ça
paraisse! Même en dernier, elles ne sortaient plus! Puis on en
parlait tout bas! C'était ridicule au possible! L'ignorance
régnait en maître! Les prêtres devaient être complexés eux
aussi, et probablement plus que leurs paroissiens!
Aujourd'hui que c'est étalé au grand jour et qu'on enseigne
ces choses dans les écoles, combien de gens âgés en sont scan-
dalisés ! Le pénis, qu'est-ce que c'est que ça ? Quand j'étais
jeune, les hommes avaient une graine et les petits garçons une
guerdine! Les mères disaient: «Cache ta guerdine ! » ou
« Lâche ta guerdine ! ». Pour les filles, il n'y avait pas de ter-
me spécial. On disait simplement: «Baisse ta robe, cache tes
fesses! » Les garçons, entre eux (j'avais des frères ...), appe-
laient ça une pelote! Quand je pense à ça aujourd'hui, ça me
coupe le souffle!
Les confessionnaux étaient au fond de la sacristie, ancien~
nement, et il y avatt quatre rangées de bancs. Deux rangées
dos à dos, et le milieu é ait libre. Nous étions assis les uns à
côté des autres et nous avancions à mesure que les pénitents
sortaient des confessionnaux. Je n'ai pas eu connaissance que
nos curés aient été bien sévères. Ça se passait bien, nous nous
faisions des peurs pour rien. La communion fréquente n'étant
pas encore en vigueur, nous n'allions pas à confesse souvent,
heureusement J Dans certaines paroisses, les danses étaient
défendues, un péché de plus! D'autres curés étaient plus
larges dans leurs idées; les danseurs allaient à confesse dans
ces paroisses-là !
Et puis, le grand jour de la première communion arrivait.
Nous aimions bien le Petit-Jésus, mais nos robes étaient notre
principale préoccupation. Pour moi, c'était en 1900, nous
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