Page 83 - monseigneur
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de Fortunat, son mari, voyageait de la remise, où était la
                                mangeaille, à la maison; c'était plutôt drôle. Les gens âgés
                                 regardaient les jeunes et ceux-ci s'en allaient, mais après le
                                lunch! Une autre veillée des morts qui a été un peu remar-
                                quable aussi, mais je n'y étais pas, c'était encore chez un
                                couple sans enfant et des gens ménagers (économes). La
                                 maison était tapissée de journaux, surtout des «comiques»
                                (bandes dessinées) de ce temps-là: La Débauche, La Famille
                                 Citrouillard, etc. Les jeunes regardaient ça et finalement
                                étaient obligés de sortir tant ils riaient! C'est le mari qui était
                                exposé au milieu de ces images! Ces veillées aux corps,
                                c'était une grande attraction! Cependant, le chapelet se disait
                                à toutes les heures; tout n'a pas été perdu!
                                    Dans le temps de mes grands-parents, le curé de la parois-
                                 se s'appelait M. Lassyseraie. Quand on en parlait à la
                                 maison, c'était avec amitié et un grand respect. Il me semblait
                                 qu'avec un nom pareil, il devait être un aristocrate! Le curé
                                 que j'ai connu se nommait M. Buisson. Il était très bon et
                                dévoué aussi. Ma mère aimait aller le consulter. C'est ainsi
                                 qu'un de mes frères, le deuxième, Cyrille, a fait son cours
                                 à Nicolet et a pris la soutane.
                                    L'évêque de mon jeune temps était Mgr Grave!. Le souve-
                                nir que j'en ai, c'est lorsqu'il a lu un Évangile sur ma tête cou-
                                 verte d'eczéma! Il était venu cette année-là pour la confir-
                                 mation et ma grand-mère m'avait amenée le voir au presby-
                                tère. C'était un grand et bel évêque. C'est Mgr Bruneault
                                qui lui a succédé et c'est Jui que nous avons Je plus connu.
                                    Nous faisions notre première confession vers l'âge de sept
                                 ans. Ensuite, ça allait à la première communion, c'est-à-dire à
                                 dix ans pour les filles et onze ans pour les garçons. Les péchés
                                 de nos jeunes années! Comme il yen avait qui réellement n'en
                                étaient pas! Puisqu'on nous le dit aujourd'hui... r La déso-
                                 béissance à nos parents, les chicanes entre enfants, les men-
                                 songes et les gros péchés d'impureté! Le sexe était une chose


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