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sa famille, car ils n'avaient qu'un emplacement. Elle était bien
                             éprouvée, ayant une fille épileptique, en chaise roulante.
                             Celle-ci était grande aussi et quand elle voyait arriver quel-
                             qu'un, elle essayait de parler, faisait de grands gestes et riait
                             de toutes ses dents. Nous, les enfants, nous en avions peur et
                              nous l'appelions, entre nous, «la folle à Pierre José ». Je pour-
                             rais me battre, aujourd'hui, quand je pense à notre ignorance
                             et à notre cruauté. D'autres familles suivaient, familles d'habi-
                              tants ou de journaliers. Il y avait un autre Lagotte dans ce
                              bout-là. Il s'appelait Fortunat et était marié avec Marie
                              Laprée. Je n'ai pas parlé de ces Laprée, mais la mère de Marie
                             était une de nos voisines. Elle demeurait dans une petite mai-
                             son, entre les Lagotte et Coq Philibert. Je ne me rappelle pas
                             le père Laprée. Cette Marie Laprée faisait des culottes pour
                             les hommes. Elle réussissait assez bien.
                                 Les autres voisins étaient des Lachapelle, et ensuite,
                             Ti-Louis Coton: Louis Yerville. Là aussi, il y avait une niche
                             où la Sainte Yierge était exposée et entourée de fleurs. Mais je
                             ne me rappelle pas avoir été prier là. Après Ti-Louis Coton,
                             c'était des Yerville, mais nous les appelions les Oeuf. L'an-
                             cêtre devait s'appeler Adolphe. Un de ceux-ci a été commis-
                             saire d'école quand j'ai enseigné. Les voisins étaient un Yervil-
                              le, cousin de mon mari, et un Lachapelle. Ce cousin, fils de la
                              tante Marie, veuve, on l'appelait «Sifoi le malcommode ». Il
                             s'appelait Sigefroid, tout comme un Deuf, qu'on appelait Sifoi
                             aussi. Après un autre Lachapelle, c'était les Laferté (dits Be-
                             deau), deux familles dont l'une était les parents de ma
                              maîtresse (professeur) Tima Bedeau. Après eux, il y avait la
                             côte à Moïse Boudor. Il y avait bien la maison de Moïse en
                             haut de cette côte, mais je ne me rappelle pas l'avoir connu, ni
                             avoir su son vrai nom. Pour finir le rang, il y avait Basile Car-
                              tier, qui habitait une belle maison en briques et où il y avait un
                              beau jardin de légumes. Puis Abenakis Springs faisait la divi-
                             sion entre le Petit Chenail et le rang de la Grande Terre.


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