Page 49 - monseigneur
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le chemin pour voir danser les pensionnaires de l'hôtel, dans le
grand hall, en arrière près du chemin. Nous regardions par les
fenêtres. Le père Kimpton était bien gentil, il ne nous écartait
pas! Les robes étaient longues et c'était du temps de la valse,
nous aimions bien ça !
Je continuerai le chemin en allant vers le village, avant de
prendre le Bois de Maska. À partir de chez mon oncle, nous
appelions ce rang la Grande Terre. M. Kimpton avait sa mai-
son voisine de celle de mon oncle. Ensuite, il y avait des
Bibeau et deux petites maisons que mon oncle avait fait cons-
truire. Un des frères de mon père, Michel, qui était à la mai-
son quand mes parents se sont mariés, a épousé une fille de
mon oncle, Olivine Mondou. Ma mère se trouvait sa tante et
sa belle-soeur en même temps. Ils sont restés un peu de temps
chez nous en se mariant, et ensuite dans une de ces petites
maisons que mon oncle leur avait vendue.
À la suite de ces maisons, il y avait une belle grande mai-
son de pierre, habitée par les Courchesne. Le bureau de poste
était là. Ça nous faisait une bonne marche pour aller chercher
la malle (le courrier). Mme Courchesne avait un air languis-
sant et aristocratique! Tout le portrait de la Belle Angélique
dans Les Belles Histoires des pays d'en haut. Cette famille
s'est en allée au village et c'est M. Courchesne qui était le
registraire, Saint-François-du-Lac étant la préfecture du
comté d'Yamaska.
Il y avait un Morvan, cousin de mon grand-père, qui
demeurait dans ce rang-là, Joseph Morvan. Sa femme s'appe-
lait Odile. Ici, je vais rappeler une anecdote concernant ce
Morvan et Delphis Maher, père de mon mari. Celui-ci, taqui-
neur et joueur de tours, était allé au moulin à farine avec
Joseph. Odile avait fait un lunch à son mari, mais Delphis, qui
était veuf et demeurait un peu partout, n'avait rien apporté.
Le midi, Joseph a cherché son dîner en vain, mais Delphis,
bon garçon, lui a offert de partager le sien! « Mange, Joseph,
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