Page 51 - monseigneur
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Il Yavait encore beaucoup de maisons avant d'arriver au
                                village. Des Salois, des Boucher et une des cousines de ma
                                mère, une Salvas. Nous ne les avons jamais visités. Le rang de
                                Sainte-Anne commençait au début du village. Ce rang n'existe
                                plus: ils ont formé une paroisse entre Saint-François-du-Lac
                                et Yamaska : la paroisse Saint-Gérard. En face, près de la
                                côte, le voiturier. Puis au coin, une maison de briques habitée
                                par des Caya, anciens habitants; ensuite, le boulanger. Et le
                                rang continuait en allant vers la paroisse voisine, Yamaska.
                                Ma grand-mère était née dans ce rang; elle y avait encore
                                deux frères (les terres voisines) qui restaient là, dans mon
                                jeune temps. C'était des hommes de six pieds (l,80 m) : Del-
                                phis et Adolphe, des habitants aussi.
                                   Dans le village, la rivière était un peu loin du chemin;
                                alors, il y avait des maisons des deux côtés. Au début, le no-
                                taire Gladu, qui s'est présenté comme député. Je n'ai pas
                                connu le vieux notaire Gladu. Le docteur Comiré suivait.
                                Dans le temps de ma mère, c'était le docteur Perreault ; c'est
                                lui qui nous a mis au monde. Je me souviens de lui: il m'avait
                                cassé une grosse dent, sans pouvoir me l'arracher. Il n'y avait
                                pas de dentiste et les docteurs n'étaient pas équipés pour ça.
                                J'en ai braillé un coup! Nous avions presque tous de mau-
                                vaises dents. Probablement que notre nourriture n'était pas
                                assez variée. À ce sujet, je dois dire que, très jeunes, plusieurs
                                d'entre nous avaient des dentiers. Ils coûtaient $20 chacun, je
                                pense. Ma soeur, qui était très avenante, était allée se faire
                                faire des dentiers chez le dentiste de Sorel. Celui-ci était un
                                peu flirt: comme ma soeur était aussi très à l'aise, je crois
                                qu'elle a eu l'habileté d'obtenir ses dentiers gratuitement!
                                   Nous avions aussi deux cordonniers, deux forgerons, deux
                                modistes, le bedeau Jimmy, et le maître chantre, un Pelletier
                                qui était un des cordonniers. Un autre jeune notaire, LéveiIlé,
                                est venu un peu plus tard. Près de l'église, vivait Mlle Du-
                                rand, une vieille fille qui louait des places aux habitants pour


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